L'équipe organise son travail <strong>de</strong> manière hebdomadaire afin <strong>de</strong> prendre en compte le mieux possibleles évolutions qui peuvent survenir chaque semaine dans la mise en place <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>s, dans le suivi<strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong>. Les temps <strong>de</strong> présence <strong>et</strong> d'action sont donc déterminés en début <strong>de</strong> semaine parl'ensemble <strong>de</strong> l'équipe en fonction <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s prévus <strong>et</strong> <strong>de</strong>s priorités d'action préalablementdéfinies. Les éducateurs déci<strong>de</strong>nt ensemble à quel moment, sur quel lieu <strong>et</strong> à quelle fréquence il estopportun d’être présent dans la rue pour que le travail éducatif progresse.Le square : les éducateurs sur le territoire <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong>, une démarche éducative ouverte <strong>et</strong>risquéeDepuis longtemps, les <strong>jeunes</strong> du quartier se rassemblent quotidiennement dans un square situé àproximité directe du territoire d’intervention <strong>de</strong> l’équipe Mozaïc 18. Dans l’environnement trèsurbanisé du 18 ème arrondissement, c’est l’un <strong>de</strong>s rares espaces verts à la disposition <strong>de</strong>s habitants quiviennent s’y promener ou s’asseoir sur les bancs. Les <strong>jeunes</strong> y sont aussi, nombreux, <strong>et</strong> seregroupent par âge dans différents endroits du site. Le terrain plat, à l’entrée, est le territoire <strong>de</strong>splus <strong>jeunes</strong> qui viennent y jouer au foot. Les marches d’escalier constituent le domaine <strong>de</strong>s 17/18ans. Les plus âgés, les 18/25 ans, se concentrent dans le haut du jardin, près <strong>de</strong> l’entrée principale,où ils se r<strong>et</strong>rouvent en fin <strong>de</strong> journée après le travail <strong>et</strong> tard dans la nuit, occupés alors par l’activitéparallèle. La topologie du site, en pente <strong>et</strong> avec <strong>de</strong>s escaliers, a engendré une géographie <strong>de</strong>sgroupes : au fil <strong>de</strong>s années, les <strong>jeunes</strong> grandissent, passent d’un groupe à l’autre se déplaçant du basdu square réservé aux enfants à l’entrée supérieure investie par les <strong>jeunes</strong> adultes. Usagers du lieuparfois <strong>de</strong>puis leur enfance 117 , les <strong>jeunes</strong> s’i<strong>de</strong>ntifient fortement à c<strong>et</strong> espace au point d’inscrire surleur vêtement le numéro <strong>de</strong> la rue qui correspond à l’entrée dans le square ainsi que celui <strong>de</strong>l’arrondissement.De leur côté, les éducateurs <strong>de</strong> Mozaïc 18 ont pris l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> se rendre régulièrement dans lesquare. Ils viennent sur le territoire <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> mais ils n’ont pas d’objectif précis si ce n’est être là.Cela fait partie <strong>de</strong> leur travail <strong>de</strong> rue. Parfois, ils s’efforcent d’arriver avant les <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> prennentplace sur les bancs, laissant les groupes se former progressivement. Ils adaptent leur attitu<strong>de</strong> selonleur perception <strong>de</strong> la situation, laissant les <strong>jeunes</strong> qui le souhaitent venir à eux ou rester aux abords.Lorsque le « <strong>de</strong>al » est en cours, ils se tiennent volontairement à distance. A d’autres moments, ilschoisissent d’être plus actifs. Ils prennent possession du terrain au centre du square <strong>et</strong> organisententre eux une partie <strong>de</strong> ballon, créant une dynamique <strong>et</strong> attirant peu à peu les adolescents. Ce jeu <strong>de</strong>ballon se pratique <strong>de</strong> préférence pendant les vacances scolaires quand le lieu est très fréquenté parles <strong>jeunes</strong>, pério<strong>de</strong> durant laquelle une autre animation spécifique se déroule aussi parfois. Al’invitation <strong>de</strong> la Prévention spécialisée ou <strong>de</strong> sa propre initiative, l’association la « Capoeïra viola »s’installe dans le jardin. Elle improvise une démonstration <strong>de</strong> capoeira 118 , danse <strong>de</strong> combat afrobrésilienne,<strong>et</strong> propose sur place <strong>de</strong>s séances d’initiation pour les <strong>jeunes</strong> qui se laissent facilemententraîner par le rythme, la gestuelle <strong>de</strong> combat <strong>et</strong> la symbolique <strong>de</strong> ce jeu théâtral, qui rappelle larésistance d’une culture opprimée, largement répandu déjà dans les quartiers populaires.117 Plusieurs <strong>jeunes</strong> ont, durant leur enfance, joué dans le bac à sable qui se trouve dans le bas du square.118 La Capoeïra est un jeu théâtral combinant danse, musique <strong>et</strong> chant. Source : plaqu<strong>et</strong>tes <strong>de</strong> présentation <strong>de</strong> l’associationCapoeïra Viola.<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 133
C<strong>et</strong>te modalité d’action, le passage <strong>de</strong>s éducateurs ou <strong>de</strong> Capoeïra Viola, illustrent une stratégied’approche qui combine proximité spatiale <strong>et</strong> distance respectueuse du groupe. Le déplacement <strong>de</strong>sprofessionnels vers l’espace occupé par les <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> la volonté <strong>de</strong>s éducateurs d’être les premierssur place ne traduisent pas une tentative d’appropriation <strong>de</strong> ce territoire. Peut être y a–t-il l’idée <strong>de</strong>signifier aux <strong>jeunes</strong> qu’il existe <strong>de</strong> multiples usages sociaux <strong>de</strong> c<strong>et</strong> espace public qu’ils ont tendancepar leur présence visible, assidue <strong>et</strong> parfois inquiétante à s’arroger, risquant d’en chasser d’autrespublics. Mais l’objectif principal est bien <strong>de</strong> se tenir auprès <strong>de</strong>s groupes en s’immisçantpréalablement dans le site pour que la rencontre puisse se faire <strong>de</strong> façon naturelle <strong>et</strong> sans casser lesagencements spontanés <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> entre eux. C<strong>et</strong>te démarche éducative, réfléchie, se veut banalisée<strong>et</strong> ouverte. Mais elle ne peut être anodine <strong>et</strong> relève quand même du pari dans le sens où elle peutêtre mal ressentie par les <strong>jeunes</strong>, l’interprétant comme une intrusion dans leur univers. Les réactions<strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong>, s’ils restent éloignés ou s’approchent, constituent alors un bon baromètre <strong>de</strong> la relationavec les éducateurs, même si celle-ci est susceptible d’évoluer rapi<strong>de</strong>ment vers plus ou moins <strong>de</strong>confiance selon les événements dans le quartier, la vie <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> leurs intérêts. Enfin, la présencedans ce lieu <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong> la population juvénile rend possible l’observation <strong>de</strong>s dynamiquescollectives <strong>et</strong> le repérage <strong>de</strong>s rôles joués par les individus.Dans tous les cas, s’asseoir sur le banc, jouer au ballon, improviser une séance <strong>de</strong> Capoeïra sont unprétexte pour être à proximité <strong>de</strong>s adolescents <strong>et</strong> <strong>jeunes</strong> adultes <strong>et</strong> communiquer avec eux. Ces<strong>jeunes</strong>, les éducateurs les connaissent quasiment tous d’ailleurs. Ils les croisent dans le quartier, enreçoivent certains pour un conseil ou pour un accompagnement individuel, en intègrent d’autres à<strong>de</strong>s groupes constitués pour <strong>de</strong>s actions spécifiques. Le groupe <strong>de</strong> boxe thaïlandaise, par exemple, adémarré avec <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> du groupe du square qui, <strong>de</strong>puis, pratiquent régulièrement. De même, laCapoeïra a fait <strong>de</strong>s a<strong>de</strong>ptes qui se sont inscrits à l’atelier permanent, qui se sont intégrés à un groupepartageant <strong>de</strong>s valeurs communes <strong>et</strong> qui trouvent dans c<strong>et</strong>te expression artistique <strong>et</strong> ludique trèsritualisée les repères dont ils ont besoin.Les <strong>jeunes</strong> du « CAP moqu<strong>et</strong>te » : l’accompagnement individuel <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> en groupe dansla rueQuelques <strong>jeunes</strong> âgés <strong>de</strong> 14 à 17 ans <strong>et</strong> engagés dans une formation professionnelle préparant à unCAP <strong>de</strong> poseur <strong>de</strong> moqu<strong>et</strong>te ont pris l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> se regrouper dans une rue en impasse. L’endroitn’est pas très fréquenté mais c<strong>et</strong>te présence inquiète. Les <strong>jeunes</strong> sont agressifs envers les passants <strong>et</strong>les rési<strong>de</strong>nts, <strong>et</strong> sont violents entre eux. Informée par les habitants, la mairie s’est tournée versl’équipe <strong>de</strong> Prévention spécialisée <strong>et</strong> lui a <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> se rendre sur place.A la différence <strong>de</strong> ce qui s’observe communément, ce groupe comprend <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> qui ne vivent pasdans le site mais qui sont issus d’autres quartiers. Ces <strong>jeunes</strong> partagent une histoire commune, trèsrécente. Ils se sont rencontrés dans le cadre <strong>de</strong> l’enseignement professionnel démarré trois moisauparavant. Malheureusement, ils ont interrompu leur formation préparatoire au CAP pour laquelleils n’étaient peut être pas vraiment motivés, mais qui ne répondait pas non plus aux promesses <strong>et</strong>aux attentes sur les plans pédagogique <strong>et</strong> professionnel. L’abandon du proj<strong>et</strong> <strong>de</strong> formation <strong>et</strong> le vi<strong>de</strong>qui s’en suit les ont réunis. Sortis <strong>de</strong>s murs du lycée professionnel, ils se sont installés dans c<strong>et</strong>teimpasse déjà investie par l’un d’entre eux qui habite dans un squat voisin.<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 134
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Le Conseil Technique remercie égal
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DESCOURTIS Jean-Luc, directeur, ARC
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CHOBEAUX François, Les nomades du
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Communauté d’agglomération du P