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Groupes de jeunes et pratiques de prévention spécialisée

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Souvent, les éducateurs remarquent qu’avant l’apparition d’une activité <strong>de</strong> ce type, les <strong>jeunes</strong> seconnaissaient déjà <strong>et</strong> étaient donc déjà constitués en groupes affinitaires, mais ce n’est pas unecondition sine qua non. « Comment éviter en eff<strong>et</strong> que <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> unis par unecommunauté d’origine (familiale <strong>et</strong> scolaire) <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>stin (…), c'est-à-dire d’abord, trèsprosaïquement, sans le sou <strong>et</strong> dont, par ailleurs, un idéal <strong>de</strong> virilité (…) sous-tend la plupart <strong>de</strong>sconduites comm<strong>et</strong>tent dans certains cas <strong>et</strong> sous certaines conditions, <strong>de</strong>s délits plus ou moins graves,plus ou moins prémédités ? La "baston" (ludique) peut mal tourner, le vandalisme peut <strong>de</strong>venirsaccage, les vols ne sont pas seulement le produit <strong>de</strong>s phantasmes <strong>de</strong> p<strong>et</strong>its bourgeois apeurés. Mais(…) la délinquance dans la ban<strong>de</strong> n’occupe ni tout le mon<strong>de</strong>, ni tout le temps ceux qu’elle occupe. (…)Les ban<strong>de</strong>s délinquantes ne sont souvent rien d’autre qu’un groupe <strong>de</strong> copains auquel il arrive,"défi"<strong>et</strong>/ou "nécessité", <strong>de</strong> «faire <strong>de</strong>s conneries" » 140 .Pour autant, dans certains cas, le trafic peutconstituer en lui-même une activité collective qui crée <strong>et</strong> renforce les liens interindividuels.Ce type <strong>de</strong> groupe <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> dispose d’une organisation interne parfois très structurée, avec <strong>de</strong>srôles bien distribués entre les membres. Par exemple, les plus <strong>jeunes</strong> sont utilisés pour faire le gu<strong>et</strong>quand il y a transaction. Ceux-ci ne font pas vraiment partie du noyau dur du groupe <strong>et</strong> l’activité quileur est dévolue peut jouer le rôle d’initiation, <strong>de</strong> rite <strong>de</strong> passage pour ensuite leur perm<strong>et</strong>tred’intégrer vraiment le groupe <strong>et</strong> d’y jouer un rôle à part entière.Le fonctionnement du groupe peut être tellement fort qu’il peut « happer » les <strong>jeunes</strong>, les privant <strong>de</strong>tout fonctionnement en individuel. Certains <strong>jeunes</strong> sont très ancrés dans le trafic <strong>de</strong> drogues dures(cocaïne, crack). Ces <strong>jeunes</strong> sont en général plus âgés, mais sont aussi ceux qui sont les plusmarginalisés (absence complète <strong>de</strong> recherche d'emploi ou <strong>de</strong> formation). Pour eux, le trafic <strong>de</strong>vientune finalité, voire une perspective d’avenir. D’ailleurs, tous ne sont pas dans la consommation car ilssavent se préserver <strong>de</strong>s produits, ce qui est d'autant plus inquiétant pour les éducateurs car celamontre qu'ils ont <strong>de</strong>s objectifs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s stratégies en termes <strong>de</strong> « business ».On notera que ce type <strong>de</strong> groupe est plus difficile d’accès pour les éducateurs car ils m<strong>et</strong>tent en place<strong>de</strong>s « stratégies d’évitement » impliquant que « l’aller vers est impossible ». Dans ce cas, le seulmoyen <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en place un accompagnement individuel est <strong>de</strong> pouvoir abor<strong>de</strong>r les membres <strong>de</strong>façon individuelle en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> leur territoire <strong>et</strong> donc <strong>de</strong> leur groupe.Les activités ludiquesUne troisième <strong>et</strong> <strong>de</strong>rnière motivation <strong>de</strong> faire groupe, également souvent basée sur l’existence <strong>de</strong>liens affinitaires, est celle <strong>de</strong>s groupes pour activité ludique, qu’elles soient sportives, <strong>de</strong> loisirs ouculturelles. L’objectif est alors <strong>de</strong> se regrouper pour se divertir. Les éducateurs repèrent, parmi c<strong>et</strong>ype, <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> pour lesquels la fracture avec les institutions est forte, ce qui expliquequ’ils pratiquent leur activité hors <strong>de</strong>s cadres mis à leur disposition.140 LEMAY Michel, Les groupes <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> inadaptés, PUF, Paris, 1975<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 149

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