12.07.2015 Views

Groupes de jeunes et pratiques de prévention spécialisée

Groupes de jeunes et pratiques de prévention spécialisée

Groupes de jeunes et pratiques de prévention spécialisée

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>et</strong>hnique du quartier : moins il y a <strong>de</strong> diversité <strong>et</strong>hnique, plus la ban<strong>de</strong> a tendance à être mono<strong>et</strong>hnique.Le critère <strong>et</strong>hnique participe donc à la construction du stigmate » 15 .La Loi <strong>de</strong> Prévention <strong>de</strong> la Délinquance, du 5 mars 2007, en assignant l’ensemble <strong>de</strong>s politiquespubliques à <strong>de</strong>s objectifs <strong>et</strong> <strong>de</strong>s dispositions liés à la prévention <strong>de</strong> la délinquance, à la préventionsituationnelle <strong>et</strong> à la sécurité, ne fait que « codifier » la mise en œuvre <strong>de</strong> ce regard <strong>et</strong> <strong>de</strong>s actions quien découlent.Les procédures préconisées, <strong>de</strong> surveillance <strong>et</strong> <strong>de</strong> contrôle, sur la base <strong>de</strong> recension d’informationsnominatives, instituent d’emblée les <strong>jeunes</strong> en groupe sur l’espace public comme fauteurs <strong>de</strong>troubles, délinquants potentiels. Tout groupe <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> sur l’espace public est considéré comme une« ban<strong>de</strong> asociale ou délinquante ».Alors que les problématiques sociétales sont différentes entre la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s années 1960-1980 <strong>et</strong>notre époque, l’émergence <strong>de</strong> la même représentation sociale du phénomène interroge au fil dutemps <strong>et</strong> à plusieurs années d’intervalle.Ainsi, les quelques 80 ban<strong>de</strong>s dont la présence est évoquée sur Paris <strong>et</strong> la Seine en octobre 1959 16présagent les 65 ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> qui sévissent sur Paris (225 sur le territoire national), commel’annoncent les manch<strong>et</strong>tes <strong>de</strong>s journaux en mars 2009. Comment interpréter la teneur <strong>de</strong> cesinformations <strong>et</strong> leur véracité ? L’actualité telle qu’elle est présentée en juin 2009 correspond-elle àune réalité ? Afin <strong>de</strong> comprendre, la Commission a auditionné <strong>de</strong>ux chercheurs dont les travaux ontporté très récemment sur ces questions.A partir <strong>de</strong>s évènements qui se sont déroulés sur la Gare du Nord, Serge Supersac 17 s’est engagé en2007-2008, dans une étu<strong>de</strong> sur les ban<strong>de</strong>s, qui l’a conduit sur divers sites où se déroulèrent <strong>de</strong>sviolences collectives (notamment Evreux <strong>et</strong> Perpignan, Clichy sous Bois <strong>et</strong> Villiers le Bel). Il faitd’emblée remarquer qu’à partir <strong>de</strong>s faits <strong>et</strong> évènements qu’il a pu analyser sur la base <strong>de</strong>témoignages ou <strong>de</strong> rapports, ce n’est pas parce que l’évènement est spectaculaire qu’il estpréoccupant. En outre, la tentation d’expliquer ces phénomènes à partir d’une réalité univoque quiserait la ban<strong>de</strong> n’est pas satisfaisante. Il précise que, si l’on veut tenter une typologie, « la ban<strong>de</strong><strong>et</strong>hnique » (quelle est-elle ? pourquoi existe-t-elle ?) lui apparaît le plus important fantasme véhiculé,construit par les médias en recherche <strong>de</strong> spectaculaire <strong>et</strong> qui manifestement est une fausse piste pourcomprendre le phénomène. Les regroupements ne sont que la représentation du peuplement d’unquartier <strong>et</strong> le refl<strong>et</strong> <strong>de</strong> sa population. Les évènements <strong>de</strong> violence collective apparaissent plutôtcomme la résultante d’une alchimie <strong>de</strong> situations diverses qui fait émerger le sentimentcommunautaire, mais « l’<strong>et</strong>hnique en tant que tel n’existe pas ».En fait, une distinction plus proche <strong>de</strong> la réalité serait <strong>de</strong> considérer « les ban<strong>de</strong>s mafieuses » <strong>et</strong> « lesban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> quartier ». La ban<strong>de</strong> mafieuse, ou ban<strong>de</strong> organisée, fonctionne sur la base d’un choix <strong>de</strong>vie <strong>de</strong> ses membres, basé sur la marginalité <strong>et</strong> le business, <strong>et</strong> participe à l’économie souterraine qui15 Elodie Tournebise « Les phénomènes <strong>de</strong> ban<strong>de</strong>s en France » - Forum français pour la sécurité urbaine - 200116 Revue <strong>de</strong> prophylaxie sanitaire <strong>et</strong> sociale - Octobre 1959 « Les quelques 80 ban<strong>de</strong>s groupant, pour Paris <strong>et</strong> laSeine, près <strong>de</strong> 10.000 enfants, n’ont pas en général, <strong>de</strong> structure soli<strong>de</strong> <strong>et</strong> représentent plutôt <strong>de</strong>s communautés<strong>de</strong> quartier, dont la raison d’être n’est pas la délinquance, mais le double sentiment <strong>de</strong> sécurité <strong>et</strong> <strong>de</strong> puissancequ’elles procurent à leurs membres ». Cité par Emile Copfermann in « La génération <strong>de</strong>s blousons noirs »François Maspéro - 196217 Policier - Chercheur à l’Institut <strong>de</strong>s Hautes Etu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la Sécurité Intérieure<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 28

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!