pairs. » 151 Ainsi, les <strong>jeunes</strong> règlent leur compte soit par le rapport physique direct (bagarres ou rixesverbales), soit par graffitis interposés. Le tag peut, d’ailleurs, être un élément <strong>de</strong> repérage <strong>de</strong>sterritoires <strong>de</strong>s groupes, tant pour les professionnels que pour les <strong>jeunes</strong> eux-mêmes.D’autre part, ces rapports <strong>de</strong> force s’exercent également contre les symboles <strong>de</strong> l’autorité. Cela estintrinsèque à la culture urbaine <strong>et</strong> le groupe donnant <strong>de</strong> l’audace à ses membres, c’est souvent encollectif que c<strong>et</strong>te opposition à l’autorité s’exprime le plus. D’ailleurs, pour les équipes <strong>de</strong> préventionspécialisée, dans l’approche <strong>de</strong>s groupes, l’étape <strong>de</strong> présentation est <strong>de</strong> prime importance car les<strong>jeunes</strong> ne doivent pas les assimiler à <strong>de</strong>s représentants <strong>de</strong> l’ordre public, faute <strong>de</strong> quoi l’installationd’une relation <strong>de</strong> confiance serait fortement compromise. C<strong>et</strong>te opposition à l’autorité s’exprime par<strong>de</strong>s <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> groupe déviantes qui consistent à attaquer les policiers ou les pompiers quipénètrent dans l’enceinte du territoire d’appartenance, dans ce cas le quartier, ce qu’on r<strong>et</strong>rouvesous le vocable violence urbaine. Les « émeutes » <strong>de</strong> 2005 en sont un exemple illustratif, lesviolences s‘étant développées essentiellement en groupe <strong>et</strong> contre les symboles <strong>de</strong>s institutions, ausein <strong>de</strong>s quartiers d’appartenance <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong>. Souvent, les <strong>jeunes</strong> participants jouent « au chat <strong>et</strong> àla souris » avec les forces <strong>de</strong> l’ordre, sur un territoire qu’ils connaissent mieux que quiconquepuisqu’ils y ont grandi, ce qui leur donne un ascendant sur la police <strong>et</strong> renforce encore le sentimentd’appartenance. Les journaux, en diffusant quotidiennement le nombre <strong>de</strong> voitures incendiées <strong>et</strong> lesdégradations constatées dans chaque quartier, ont d’ailleurs participé à cela : les groupes <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong>avaient en eff<strong>et</strong> l’impression <strong>de</strong> participer à un défi national entre quartiers pour savoir lequelbattrait le record, notamment <strong>de</strong> voitures incendiées.Ce sentiment d’appartenance s’exprime en fait, selon les équipes <strong>de</strong> prévention, à plusieurs niveaux,selon l’échelle <strong>de</strong> référence dans laquelle sont inscrits les <strong>jeunes</strong>. S’ils sont dans leur quartier, ilsm<strong>et</strong>tront plus facilement en avant leur rue ou leur immeuble alors que s’ils sont dans leur ville, cesera plutôt le quartier. S’ils se trouvent à l’extérieur <strong>de</strong> leur ville, ils se référeront plutôt à leur ville.Par exemple, en sortie en province, les <strong>jeunes</strong> du 18 ème ont revendiqué leur appartenance parisiennealors qu’au sein <strong>de</strong> leur quartier, ils se référent au numéro d’immeuble. D’ailleurs, certains se sontfait <strong>de</strong>s T-shirt avec le numéro du lieu <strong>de</strong> regroupement, qui est <strong>de</strong>venu le nom du groupe. Dans cecas, cela constitue la revendication d'une appartenance, mais ce n’est pas systématique pour tous lesgroupes présents dans la rue. Lorsqu’ils sont à l’étranger, ils peuvent aller jusqu’à se référer à leurpays, ce qui n’a pas pu être vérifié car le seul exemple à notre disposition concerne les <strong>jeunes</strong>parisiens qui avaient pu faire référence à leur ville, la capitale, en se faisant comprendre <strong>de</strong>s autres.On voit donc que la revendication d’une appartenance à une unité territoriale semble importantedans la culture jeune. D’ailleurs, cela s’exprime dans les textes <strong>de</strong> rap, les chanteurs faisantconstamment référence à leur département d’origine. Cela participe à renforcer les sentimentsd’appartenance <strong>et</strong> donc les rapports <strong>de</strong> force entre groupes issus <strong>de</strong> territoires différents.On voit bien à travers ces éléments que le territoire dans la culture jeune, <strong>et</strong> a fortiori dans le cas quinous intéresse la culture urbaine, constitue un enjeu fort pour lequel les <strong>jeunes</strong> développent <strong>de</strong>sstratégies défensives, voire parfois offensives.151 David Lepoutre, 2001, pages 58-59<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 159
Stratégies d’occupation : le choix du lieu <strong>de</strong> rassemblementLes <strong>jeunes</strong> ne se regroupent pas n’importe où, puisque comme nous l’avons exposé ci-<strong>de</strong>ssus,l’occupation spatiale <strong>de</strong> l’espace public m<strong>et</strong> en jeu <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong> conflictualité <strong>et</strong> <strong>de</strong> défense <strong>de</strong>territoire. Mais, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ces conflits, les <strong>jeunes</strong> recherchent aussi un certain confort.D’abord, il semble important <strong>de</strong> noter que l’occupation <strong>de</strong> l’espace public varie selon les heures <strong>de</strong>la journée (les mêmes espaces peuvent être occupés par <strong>de</strong>s groupes différents), les pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong>l’année (les vacances sont propices à <strong>de</strong>s regroupements intenses car les <strong>jeunes</strong> ne sont pas àl’école), les saisons (l’hiver <strong>et</strong> plus globalement lorsque le temps ne s’y prête pas, les <strong>jeunes</strong> sortentmoins). Tous ces éléments sont centraux dans le travail auprès <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> leséducateurs les ont bien en tête afin <strong>de</strong> savoir où les trouver.Le choix du lieu <strong>de</strong> rassemblement n’est donc pas dû au hasard. Un pan du travail <strong>de</strong> rue consisted’ailleurs à savoir repérer les espaces occupés, ou pouvant potentiellement être occupés, par lesgroupes <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> : c’est un travail <strong>de</strong> veille constante.Plusieurs lieux habituels <strong>de</strong> rassemblement ont pu être distingués à partir <strong>de</strong>s éléments issus <strong>de</strong>srencontres avec les équipes <strong>de</strong> prévention spécialisée :> Les abords <strong>de</strong>s sorties <strong>de</strong> collèges qui, en général, ne sont pas occupés par un groupe en particuliermais sont plutôt lieu <strong>de</strong> circulation intense pendant les courts laps <strong>de</strong> temps d’entrée <strong>et</strong> <strong>de</strong> sortie <strong>de</strong>l’établissement. C’est un lieu <strong>de</strong> repérage <strong>de</strong> nouveaux groupes potentiels par les éducateurs <strong>de</strong> rue,où sont parfois noués les premiers contacts pour un accompagnement collectif ou individuel. C’estégalement un lieu privilégié pour repérer les filles car c’est un <strong>de</strong>s seuls espaces publics où elles sontprésentes régulièrement.> Les espaces aménagés, que ce soit pour les <strong>jeunes</strong> spécifiquement (skate park, terrain <strong>de</strong> jeu…) oupour les habitants <strong>et</strong> leurs familles plus généralement (p<strong>et</strong>ites places, squares ou parcs…). Lesgroupes peuvent d’ailleurs s’approprier ces lieux au détriment <strong>de</strong> leur utilisation première, commecela est souvent le cas pour les parcs qui se trouvent délaissés par les familles à cause <strong>de</strong> la présence<strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong>.> Les halls d’entrée <strong>et</strong> cages d’escalier qui sont <strong>de</strong>s lieux encore plus fortement appropriés par ungroupe, car les <strong>jeunes</strong> habitent dans l’immeuble, mais dont l’approche est plus délicate car les <strong>jeunes</strong>savent forcément que les éducateurs sont là pour eux.> Tout endroit où ils peuvent « squatter » avec un minimum <strong>de</strong> confort, par exemple parce qu’il estabrité ou dispose d’un élément pour s’asseoir (un escalier souvent), mais aussi où ils peuvent voir <strong>et</strong>être vus. Souvent ce type d’occupation pose problème car les <strong>jeunes</strong> sont à la vue <strong>de</strong> tous <strong>et</strong> créentun sentiment d’insécurité. C’est le cas, dans les grands ensembles, <strong>de</strong>s entrées <strong>de</strong> quartier,surveillées par les groupes.> La rue, le trottoir, à un numéro ou emplacement précis, toujours le même d'années en années. C<strong>et</strong>ype d’espace caractérise parfois la forte immobilité d’un groupe qui est connu par ses clients pour l<strong>et</strong>rafic <strong>de</strong> drogue.<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 160
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