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Groupes de jeunes et pratiques de prévention spécialisée

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l’ensemble <strong>de</strong>s raisons. Celles-ci peuvent être explicites <strong>et</strong> présentes avant l’action, ou se donnent aposteriori comme un eff<strong>et</strong> observé mais non recherché. Les intérêts sont multiples <strong>et</strong> se situent àdifférents niveaux que nous proposons d’examiner.Les raisons institutionnellesLe contexte institutionnel d’exercice <strong>de</strong> la Prévention spécialisée produit un ensemble d’orientationsqui peuvent revêtir la forme d’injonctions au travail avec les groupes. Ces orientations découlent dumodèle historique d’intervention en Prévention spécialisée , du proj<strong>et</strong> associatif <strong>et</strong> <strong>de</strong> la comman<strong>de</strong>politique. Ces trois aspects sont évoqués par les équipes <strong>et</strong> services rencontrés <strong>et</strong> composent lesrepères institutionnels, distincts mais étroitement imbriqués, <strong>de</strong> l’action auprès <strong>de</strong>s groupes.La métho<strong>de</strong> pédagogique qui s’expérimente au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> guerre <strong>et</strong> qui va inventer laPrévention spécialisée, s’adresse aux <strong>jeunes</strong> regroupés en ban<strong>de</strong>s 171 . L’usage <strong>de</strong> ce terme estrépandu <strong>et</strong> le sera largement dans les décennies qui suivent. C<strong>et</strong>te expansion engendre <strong>de</strong>s visionsdiverses du phénomène <strong>et</strong> englobe <strong>de</strong>s réalités aussi différentes que les ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’après guerre<strong>de</strong>stinées à assurer la survie <strong>de</strong>s mineurs qui en sont membres que les « Blousons-noirs » qui signentla rupture <strong>de</strong> la société avec sa <strong>jeunes</strong>se. Ultérieurement, les textes qui donnent un cadre juridique<strong>et</strong> administratif à ce type d’action contre « l’inadaptation <strong>de</strong> la <strong>jeunes</strong>se », selon l’expressionconsacrée, m<strong>et</strong>tent en avant le travail auprès <strong>de</strong>s groupes comme constitutif du modèle. La circulairedu 17 octobre 1972, texte d’application <strong>de</strong> l’arrêté du 4 juill<strong>et</strong> 1972 qui officialise le système, spécifiela Prévention par la dimension collective : « ainsi, à côté <strong>de</strong>s interventions individuelles prises dans lecadre <strong>de</strong>s textes <strong>de</strong> 1958 <strong>et</strong> 1959 sur la protection judiciaire <strong>et</strong> la protection sociale <strong>de</strong> l’enfance, sedégageait un mo<strong>de</strong> d’intervention susceptible d’agir en profon<strong>de</strong>ur sur un groupe puis sur lequartier » 172 .La construction administrative du système se nourrit amplement du travail intellectuel qui s’effectuedans les réseaux professionnels. La nécessité <strong>de</strong> réunir les expériences partageant une mêmepédagogie d’intervention conduit les acteurs concernés à s’organiser <strong>et</strong> à élaborer progressivementune doctrine commune où les groupes sont en première place : « la pratique quotidienne enprévention spécialisée se caractérise par <strong>de</strong>ux domaines : la libre adhésion <strong>de</strong>s personnes <strong>et</strong> <strong>de</strong>sgroupes à l’action… » 173 . Au même moment, mais les processus sont forcément concomitants, <strong>de</strong>schercheurs fournissent une contribution à l’élaboration <strong>de</strong> l’obj<strong>et</strong> <strong>et</strong> du champ d’action. Des travauxsont réalisés à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’administrations, comme le Commissariat général du Plan ou la Direction<strong>de</strong> l’Education surveillée, ou à l’initiative <strong>de</strong> chercheurs en sciences sociales qui s’intéressent à la171 Voir le travail <strong>de</strong> V Peyre <strong>et</strong> F Tétard où sont présentées quelques « aventures » fondatrices. Illustrant leur texte <strong>de</strong>nombreuses citations, les auteurs pointent l’importance <strong>de</strong>s regroupements <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> ou « ban<strong>de</strong>s » commepréoccupation à l’origine <strong>de</strong>s expérimentations sociales (Foyers <strong>de</strong> prévention sociale à Lille, Equipes d’Amitié à Paris quidéveloppent une vision positive <strong>de</strong> la ban<strong>de</strong> <strong>et</strong> la nécessité <strong>de</strong> s’appuyer sur le « potentiel éducatif » que celle-cireprésente). Les auteurs soulignent aussi l’impact à la fin <strong>de</strong>s années 50 d’un autre phénomène collectif, celui <strong>de</strong>s Blousonsnoirs, qui crée une angoisse sociale <strong>et</strong> accélère la reconnaissance institutionnelle du mo<strong>de</strong> d’intervention que représente laPrévention spécialisée. V Peyre, F Tétard, op. cit., voir partie 1, « L’invention <strong>et</strong> ses inventeurs (1943-1950)» <strong>et</strong> partie 3« L’incitation (1957-1962) ».172 Circulaire du 17 octobre 1972, du ministère <strong>de</strong> la Santé <strong>et</strong> du ministère <strong>de</strong> la Jeunesse <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Sports.173 Extrait cité dans l’ouvrage <strong>de</strong> V Peyre <strong>et</strong> F Tétard, op. cit., p 221. Les auteurs précisent que c<strong>et</strong> extrait figure dans le texted’orientation adopté lors <strong>de</strong>s journées <strong>de</strong> l’ANEJI en 1976 <strong>et</strong> a été repris dans un document du CNL, Livre ouvert <strong>de</strong>s clubs<strong>et</strong> équipes <strong>de</strong> prévention spécialisée, 1982, pp 135-137<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 181

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