Outre l’absence <strong>de</strong> qualification <strong>et</strong> l’incertitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’avenir, ces <strong>jeunes</strong> connaissent tous <strong>de</strong>ssituations familiales lour<strong>de</strong>s. Formant un groupe « marqué, perdu » selon les qualificatifs <strong>de</strong>séducateurs, ils ont été entraînés dans une spirale collective qui a accentué les comportementsagressifs, les passages à l’acte (vol, rack<strong>et</strong>…) <strong>et</strong> l’implication dans le commerce parallèle. Puis, legroupe s’est peu à peu disloqué, à la suite <strong>de</strong> différents événements : épiso<strong>de</strong>s violents, ferm<strong>et</strong>uredu squat, incarcération. Un jeune a été placé à sa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> par le juge <strong>de</strong>s enfants. Quelques unssont toujours présents, isolément, dans le quartier <strong>et</strong> « continuent à aller mal ».Deux d’entre eux antérieurement en contact avec les éducateurs <strong>de</strong> Prévention dans le cadre d’unaccompagnement socio-éducatif ont fait le lien avec le reste du groupe. Si ce n’est l’organisation <strong>de</strong>quelques chantiers, l’intervention collective s’est révélée impossible vis-à-vis <strong>de</strong> ce groupe dur. Elle alaissé place aux suivis individuels, assez nombreux, qui ont permis <strong>de</strong> maintenir un lien social <strong>et</strong> <strong>de</strong>résoudre ou d’atténuer <strong>de</strong>s difficultés concrètes. Plusieurs ont pu ainsi solliciter une ai<strong>de</strong> en matière<strong>de</strong> formation, <strong>de</strong> santé ou <strong>de</strong> justice.La boxe thaïlandaise : une activité support pour la socialisation <strong>et</strong> l’insertionsocioprofessionnelle <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong>Le proj<strong>et</strong> « Boxe Thaïlandaise » est issu <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong> l’association Arc 75 <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’équipe Mozaïc 18<strong>de</strong> développer une activité sportive. L’association a donc recruté un éducateur <strong>de</strong> rue, égalementéducateur sportif, afin <strong>de</strong> développer une activité autour <strong>de</strong> la boxe. Le professionnel en charge <strong>de</strong>ce proj<strong>et</strong> possè<strong>de</strong>, en eff<strong>et</strong>, le BPJEPS activité pugilistique, mention boxe thaïlandaise.A peine arrivé, il s’est présenté aux <strong>jeunes</strong> du quartier <strong>et</strong> a proposé son activité boxe. Celle-ci adémarré rapi<strong>de</strong>ment avec 10 <strong>jeunes</strong> issus d’un groupe du square décrit ci-<strong>de</strong>ssus, <strong>et</strong> que l’équipeéducative connaissait. Elle a plu tout <strong>de</strong> suite <strong>et</strong> d’autres <strong>jeunes</strong>, que les éducateurs ne connaissaientpas, sont venus se greffer, parfois amenés par ceux qui étaient déjà inscrits dans l’activité. Au départ,la proposition a été faite à <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> connus qui, ensuite, sont venus avec <strong>de</strong>s copains. L’éducateurexplique que, volontairement, il n’a pas repéré <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> en particulier ce qui a permis au groupe <strong>de</strong>se constituer <strong>de</strong> manière naturelle.L’activité a été mise en place en 2006, <strong>et</strong> se déroule chaque samedi pendant 2 heures, <strong>de</strong> 12h00 à14h00, dans un gymnase à proximité du secteur d’intervention. Avec l’arrivée <strong>de</strong>s nouveaux venus,elle regroupait une vingtaine <strong>de</strong> personnes d’âges différents (<strong>de</strong> 10 à 22 ans), dont 3 filles (une <strong>de</strong> 14ans <strong>et</strong> 2 <strong>de</strong> 17 ans).Les filles ne faisaient pas partie du groupe <strong>de</strong> base. Celles <strong>de</strong> 17 ans sont venues par le biais d’uncollège. Elles connaissaient quelques membres <strong>de</strong> ce groupe, mais sans en être véritablementproches. C’est l’éducateur, présent à la sortie du collège, qui est allé vers elles <strong>et</strong> leur a proposé <strong>de</strong>ssorties ou <strong>de</strong>s activités. Elles ont décidé <strong>de</strong> venir aux séances <strong>de</strong> Boxe <strong>et</strong>, bien qu’elles ne seconnaissaient pas entre elles, sont maintenant <strong>de</strong>venues copines, s’enten<strong>de</strong>nt bien, sortentensemble <strong>et</strong> vont parfois au cinéma. Celle <strong>de</strong> 14 ans a été rencontrée dans un squat présent sur lesecteur d’intervention <strong>de</strong> l’équipe <strong>et</strong> vient à la boxe avec son jeune frère. Tous <strong>de</strong>ux ont été bienintégrés.<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 135
Le support sportif a permis d’agréger à un groupe naturel <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> qui ne se connaissent pastoujours. La présence d’un groupe <strong>de</strong> pairs n’a pas constitué un obstacle à l’intégration <strong>de</strong> nouvellespersonnes. L’ensemble <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> entr<strong>et</strong>iennent <strong>de</strong> bonnes relations entre eux, puisque l’objectif est<strong>de</strong> pratiquer un sport. L’éducateur en charge <strong>de</strong> l’activité pratique, selon ses propres termes, une« pédagogie différenciée ». Il a mis en œuvre, au fil du temps, une approche plus individuelle,remotivant certains <strong>jeunes</strong> au sein du groupe ou encourageant individuellement d’autres à venirpratiquer.Aujourd’hui, les <strong>jeunes</strong> sont moins assidus <strong>et</strong> seul un noyau <strong>de</strong> 6 à 7 personnes continue à venir avecrégularité. En fait, le groupe est resté très impliqué le temps <strong>de</strong> la mise en œuvre d’un proj<strong>et</strong> <strong>de</strong>séjour à Budapest <strong>et</strong> à Vienne. L’organisation <strong>et</strong> la perspective du séjour ont maintenu les <strong>jeunes</strong> àproximité <strong>de</strong> l’équipe éducative. Puis, ils ont été « aspirés » par autre chose. Les membres <strong>de</strong>l’équipe éducative font remarquer que quelques <strong>jeunes</strong>, présents <strong>de</strong>puis le début <strong>et</strong> rencontrés dansle jardin public, sont « montés dans le square » <strong>et</strong> ont pris la place <strong>de</strong>s plus grands. C<strong>et</strong>te évolution<strong>de</strong> statut au sein du groupe <strong>de</strong> pairs du quartier est susceptible <strong>de</strong> les attirer vers d’autrespréoccupations, au détriment <strong>de</strong> l’activité boxe.La fréquentation est donc irrégulière, alternant <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s d’affluence <strong>et</strong> d’autres avec unemoindre assiduité. Mais la boxe thaïlandaise jouit en permanence d’une bonne représentationauprès <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong>. C’est une activité très attractive qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> développer les relations avecautrui <strong>et</strong> qui offre la possibilité d’un travail sur le corps. De plus, le sport <strong>de</strong> combat s’inscrit dans laculture urbaine <strong>de</strong> la <strong>jeunes</strong>se populaire. Dans une perspective plus éducative, une activitéboxe offre un cadre, <strong>de</strong>s règles <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te exigence est très bien assimilée par les <strong>jeunes</strong>. C’est un sportindividuel mais qui nécessite la présence d’un partenaire pour progresser. D’ailleurs, le principe <strong>de</strong>fonctionnement <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> entre eux est basé sur l’entrai<strong>de</strong> : ceux qui sont confirmés vont ai<strong>de</strong>r lesplus <strong>jeunes</strong>, ce qui leur perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> montrer une image d’eux-mêmes différente <strong>de</strong> celle qu’ils ont surle quartier. Donc au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> liens entre les <strong>jeunes</strong>, c<strong>et</strong>te activité perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> faireévoluer les mentalités <strong>et</strong> les positionnements <strong>de</strong> chacun vis-à-vis <strong>de</strong>s autres. De plus, la mise enœuvre d’actions <strong>de</strong> ce type perm<strong>et</strong> un emboîtement avec d’autres actions éducatives, comme parexemple un séjour sportif à Dieppe.Un <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong> « boxeurs », âgé <strong>de</strong> 17 ans, a vécu une « évolution incroyable ». Au début, il étaitagité, perturbateur, indiscipliné, incapable d’écouter les consignes. Aujourd’hui, il « coache » les plus<strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> leur apprend le respect <strong>de</strong>s autres. Il r<strong>et</strong>ransm<strong>et</strong> ce que l’éducateur lui a enseigné <strong>et</strong>, <strong>de</strong>plus, il a trouvé sa place dans le groupe. C<strong>et</strong>te expérience est fortement valorisante pour lui. Sonimage a changé, dans le groupe mais aussi à l’extérieur. Il a, par ailleurs, participé au voyage Vienne<strong>et</strong> Budapest. Le parcours <strong>de</strong> formation d’un jeune offre une autre illustration <strong>de</strong> l’intérêt éducatif dusport. La pratique <strong>de</strong> la boxe a fait naître chez lui le souhait <strong>de</strong> préparer un Brev<strong>et</strong> professionnel <strong>et</strong><strong>de</strong> faire ainsi le lien entre l’activité sportive <strong>et</strong> la dimension professionnelle.Scopados : séjour { Londres autour d’un match <strong>de</strong> football : perm<strong>et</strong>tre à un groupe <strong>de</strong><strong>jeunes</strong> <strong>de</strong> prendre part à un proj<strong>et</strong><strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 136
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Le Conseil Technique remercie égal
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DESCOURTIS Jean-Luc, directeur, ARC
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CHOBEAUX François, Les nomades du
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Rapports et étudesAPASE, Les jeune
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Communauté d’agglomération du P