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Groupes de jeunes et pratiques de prévention spécialisée

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public. De la même façon, sur les territoires ruraux ou semi-ruraux du Pays Voironnais, leséducateurs ont constaté le même phénomène <strong>et</strong> les <strong>jeunes</strong>, à défaut <strong>de</strong> pouvoir squatter les bas <strong>de</strong>sbarres d’immeubles choisissent <strong>de</strong>s lieux centraux où ils peuvent à la fois voir <strong>et</strong> être vus (parexemple, la place du village, <strong>de</strong>vant l’école, la mairie, la salle <strong>de</strong>s fêtes…).L’occupation <strong>de</strong> l’espace pour les groupes <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> a une forte portée à l’adolescence, <strong>et</strong> celas’illustre bien dans les appellations que les professionnels <strong>de</strong> la prévention spécialisée donnent auxgroupes pour les repérer : ils sont dans la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s cas nommés par le lieu qu’ilsoccupent, car il s’agit bien dans ce cas d’un marquage territorial du collectif. Celui-ci n’est pasforcément consciemment avancé par les <strong>jeunes</strong>, mais les professionnels les nomment ainsi parcequ’ils sont statiques <strong>et</strong> que le lieu <strong>de</strong> regroupement est ce qui se donne tout <strong>de</strong> suite lorsqu’onrencontre un groupe sur l’espace public, avant même d’en connaître sa composition.C<strong>et</strong>te occupation est même <strong>de</strong>venue un enjeu politique, notamment en termes sécuritaires, avec lamise en place d’amen<strong>de</strong>s contre les <strong>jeunes</strong> regroupés dans les cages d’escalier dans les quartiers <strong>de</strong>grands ensembles, mais aussi avec l’invention <strong>de</strong> toute sorte d’ « outils » perm<strong>et</strong>tant d’éviterl’occupation <strong>de</strong>s espaces publics : le mosquito (appareil à ultrasons d’une fréquence sonore puissanteseulement audible par les <strong>jeunes</strong> <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 25 ans qui est <strong>de</strong>stiné à disperser les groupes <strong>de</strong><strong>jeunes</strong>), ou encore en Angl<strong>et</strong>erre, les « néons roses » utilisés très récemment pour m<strong>et</strong>tre en valeurles boutons d’acné <strong>et</strong> installés dans les lieux <strong>de</strong> regroupements afin <strong>de</strong> faire fuir les <strong>jeunes</strong> qui<strong>de</strong>vraient avoir honte d’exposer ainsi leurs défauts <strong>de</strong>rmatologiques… On voit donc bien à travers cesexemples que lutter contre les regroupements constitue un enjeu politique fort pour laréappropriation par l’autorité <strong>et</strong> les adultes en général, <strong>de</strong>s territoires occupés par les <strong>jeunes</strong>.Sentiment d’appartenance <strong>et</strong> rapports <strong>de</strong> forcePar c<strong>et</strong>te double dimension d’attachement <strong>et</strong> d’occupation <strong>de</strong> l’espace par les adolescents, l<strong>et</strong>erritoire constitue souvent l’enjeu <strong>de</strong> rapports <strong>de</strong> force. D’ailleurs, il est rare pour les équipes <strong>de</strong>prévention spécialisée <strong>de</strong> rencontrer <strong>de</strong>s groupes inter quartiers, ou alors ils les trouvent dans unendroit neutre, à l’extérieur <strong>de</strong>s quartiers d’appartenance <strong>de</strong>s <strong>jeunes</strong>. Cela illustre bien l’enjeucentral constitué autour <strong>de</strong> l’occupation <strong>de</strong> l’espace pour les <strong>jeunes</strong>.Dans une perspective protectionniste, les <strong>jeunes</strong> exercent une surveillance informelle <strong>de</strong>s allées <strong>et</strong>venues sur « leur » territoire d’appropriation. Cela a été observé par David Lepoutre (2001) maisaussi par Stéphanie Rubi (2005) dans les quartiers <strong>de</strong> grands ensembles. Mais cela a également étéconstaté par l’équipe du Pays Voironnais qui nous expliquait que les groupes choisissaient le plussouvent <strong>de</strong>s endroits stratégiques, d’où ils puissent « voir <strong>et</strong> être vus ».Ces rapports conflictuels sont constatés entre les <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> groupes <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong>. « La constitution <strong>de</strong>l’espace du grand ensemble en territoire ne s’opère jamais <strong>de</strong> façon plus manifeste que dans lessituations <strong>de</strong> conflit <strong>et</strong> <strong>de</strong> violence qui opposent épisodiquement les adolescents <strong>de</strong>s Quatre-Mille*cité <strong>de</strong> la banlieue parisienne qui a fait l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>+ à ceux <strong>de</strong>s autres cités. (…) C’estprincipalement sur c<strong>et</strong>te base que s’établit le sentiment communautaire au sein du groupe <strong>de</strong><strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 158

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