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Groupes de jeunes et pratiques de prévention spécialisée

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paroles <strong>de</strong>s éducateurs <strong>de</strong> prévention spécialisée, que parfois un éloignement physique n’empêchepas les membres du groupe <strong>de</strong> se r<strong>et</strong>rouver, souvent au même endroit, même après plusieursannées. Cela se vérifie uniquement pour les groupes <strong>de</strong> pairs ayant développé <strong>de</strong> forts liensaffinitaires, jusqu’à constituer aux yeux du jeune une autre famille.Cohésion <strong>de</strong> groupe <strong>et</strong> fonctionnement normatifLe groupe, <strong>de</strong> par sa fonction socialisante <strong>et</strong> i<strong>de</strong>ntitaire, se constitue autour <strong>de</strong> référencescommunes, souvent ancrées dans la culture <strong>de</strong> la rue.Ainsi, au sein <strong>de</strong>s groupes rencontrés par les équipes <strong>de</strong> prévention spécialisée, on observe unecertaine homogénéité <strong>de</strong>s références culturelles : les membres écoutent un même type <strong>de</strong> musique,souvent du rap, ou pratiquent une même activité (skateboard, football, tags…). Il existe donc unélément partagé par tous les membres qui peut même être à la base <strong>de</strong> l’existence du groupe. Celapeut se traduire par un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> communication commun, avec <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s langagiers. David Lepoutrenote sur ce point que le langage adolescent est empreint <strong>de</strong> violence <strong>et</strong> <strong>de</strong> provocation à l’égardd’autrui. « Il traduit (…) une expérience <strong>et</strong> <strong>de</strong>s <strong>pratiques</strong> originales ; il sert <strong>de</strong> support à <strong>de</strong>s relationssociales spécifiques, dans le cadre <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> pairs <strong>et</strong> il exprime une vision du mon<strong>de</strong> <strong>et</strong> uneidéologie qui lui sont propres. Bref, il relève d’une culture, ou du moins d’une sous-culture, à la foisorganisée <strong>et</strong> cohérente. » Il traduit l’ « opposition à la culture légitime <strong>et</strong> dominante <strong>et</strong> surtout [m<strong>et</strong>]en lumière le rôle spécifique que joue la parole dans les relations sociales en vigueur au sein dugroupe <strong>de</strong> pair. » Ces éléments <strong>de</strong> culture homogènes participent à renforcer la cohésion du groupe,mais aussi le sentiment d’appartenance <strong>de</strong> ses membres.La cohésion entre les membres <strong>de</strong>s groupes peut être variable, selon la base <strong>de</strong> constitution <strong>de</strong>sgroupes. Les groupes <strong>de</strong> pairs affichent une solidarité plus forte, renforcée comme nous l’avons vu ci<strong>de</strong>ssuspar le partage d’une culture commune <strong>et</strong> <strong>de</strong>s liens affinitaires forts. Les membres <strong>de</strong>s groupesconstitués pour une activité ludique, au contraire, sont ensemble afin <strong>de</strong> pratiquer un loisir <strong>et</strong>, s’ilspeuvent partager une même culture, la cohésion du groupe est moins forte. Concernant les groupespour <strong>pratiques</strong> parallèles, la cohésion du groupe répond à un impératif <strong>de</strong> survie du groupe <strong>et</strong> <strong>de</strong>maintien <strong>de</strong> l’activité. On voit donc bien que la cohésion entre les membres est variable. Mais <strong>de</strong>façon générale, comme nous l’avons vu plus haut, le groupe constitue pour les <strong>jeunes</strong> adolescents unélément clef dans leur constitution i<strong>de</strong>ntitaire, ce qui explique la forte implication <strong>de</strong>s membres dansleur groupe <strong>de</strong> pairs, <strong>et</strong> donc la forte cohésion souvent observée.C<strong>et</strong>te forte cohésion, si elle perm<strong>et</strong> aux <strong>jeunes</strong> <strong>de</strong> se construire en tant qu’adulte en dépensant dutemps entre eux, peut aussi faire émerger certains eff<strong>et</strong>s indirects tels qu’une forte dépendance <strong>de</strong>smembres au collectif. Celle-ci peut avoir <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s positifs sur le jeune si le groupe favorise unesociabilité positive, mais le plus souvent, les eff<strong>et</strong>s sont plutôt négatifs pour l’insertion sociale <strong>de</strong>s<strong>jeunes</strong>. Des psychologues d’un <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> Prévention spécialisée rencontrés lors <strong>de</strong>l’investigation l’ont d’ailleurs clairement exprimé : « Dans le groupe on observe une dépendance, siun va mieux, tout le mon<strong>de</strong> peut le tirer vers le bas pour gar<strong>de</strong>r une sorte <strong>de</strong> cohésion. En quelquesorte, ça rejoint le communautarisme, il y a l'idée <strong>de</strong> l'enfermement dans un groupe <strong>et</strong> <strong>de</strong> la pauvr<strong>et</strong>é<strong>de</strong>s échanges. » Souvent, c<strong>et</strong>te dépendance négative s’explique par un fonctionnement<strong>Groupes</strong> <strong>de</strong> <strong>jeunes</strong> <strong>et</strong> <strong>pratiques</strong> <strong>de</strong> prévention spécialisée – CTPS 2010 - Page 152

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