25.06.2013 Views

Version PDF à télécharger

Version PDF à télécharger

Version PDF à télécharger

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

plus ingénieusement ravaler cette divinité qu’il le fait par les premiers<br />

vers d’une de ses satyres. « J’étais un tronc de figuier, bois fort inutile,<br />

lorsqu’un ouvrier, incertain s’il en ferait un banc ou un Priape, se décida<br />

enfin, et préféra me faire dieu 180 . » On l’insultait jusque dans son<br />

sanctuaire, dont les murs offraient souvent des inscriptions très peu<br />

respectueuses pour la divinité, et des vers qui excitaient <strong>à</strong> ses dépens le<br />

rire des lecteurs 181 .<br />

Les romains alors, ayant perdu de vue le motif antique de ce culte,<br />

n'y voyaient plus qu'un emblème de la débauche, qu'une divinité<br />

ridicule.<br />

Les écrivains du christianisme vinrent ensuite ajouter leurs<br />

déclamations aux insultes des poètes latins, accumulèrent le ridicule et<br />

le mépris sur cette divinité déj<strong>à</strong> vaincue, saisirent avec transport cette<br />

place abandonnée par les partisans de l’ancienne religion des Romains,<br />

et obtinrent une victoire facile. Le culte de Priape allait être anéanti sans<br />

retour, ses idoles et ses autels renversés pour jamais, si la superstition et<br />

l’habitude, la plus indestructible de toutes les affections humaines, ne<br />

fussent venues <strong>à</strong> son secours. Ces deux puissants mobiles de la conduite<br />

180 0lim truncus eram ficulnus, inutile lignum,<br />

Cum faber, incertus scamnum faceret ve Priapum,<br />

Maluit esse deum : deus inde ego, furum aviumque<br />

Maxima forrmido, nam fures dexta coerect,<br />

Obscoenoque ruber porrectus, ab inguine palus. (Horat, satir. VIII, lib. IV.)<br />

181 Ce fait est prouvé par quelques pièces du recueil des Priapées. Dans la première pièce, on lit :<br />

Ergo quicquid, id est, quad otiosus<br />

Templi parietibus tui notavi.<br />

Dans la pièce 40, on fait dire <strong>à</strong> Priape :<br />

Quisquis venerit huc poeta fiat,<br />

El versus mihi dedicet jocosos.<br />

Et dans la 49è :<br />

Tu quicumque vides circa tectoria nostra<br />

Non ninium casti carmina plena joci.<br />

Il paraît même que le Recueil des Priapées, et c’est l’opinion des savants qui ont, avec érudition<br />

commenté cet ouvrage, a été composé de pièces différentes, recueillies sur les murs des chapelles<br />

de Priape. Il est vraisemblable qu’elles ne sont point l’ouvrage de Virgile, comme plusieurs l’ont<br />

cru, parce qu’on les a trouvées placées <strong>à</strong> la suite de ses œuvres.<br />

111

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!