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nations, imaginèrent plusieurs fables, dont voici les plus accréditées :<br />
Pendant que Chiven vivait parmi les hommes, il enleva aux<br />
prêtres ou bramines plusieurs belles femmes attachées <strong>à</strong> leur service ;<br />
car Chiven était un dieu de fort mauvais exemple, comme la plupart des<br />
divinités grecques et romaines. Ces bramines, mécontents, prononcèrent<br />
tant de malédictions contre le dieu ravisseur, qu’il perdit l’usage d’un de<br />
ses membres, fort nécessaire dans cette occasion. Le dieu, maudit, ne<br />
put en conséquence satisfaire ses désirs auprès de ces femmes ; et le<br />
Lingam fut consacré comme un monument commémoratif de cette<br />
aventure, honteuse pour Chiven, et honorable pour les bramines.<br />
Dans d’autres pays de l’Inde, la fable est différente.<br />
Un jour que ce dieu, couché avec son épouse, allait savourer ce<br />
que les jouissances de l’amour ont de plus vif, un dévot vint, fort mal <strong>à</strong><br />
propos, frapper <strong>à</strong> sa porte. Le dieu est trop occupé pour lui ouvrir. Le<br />
dévot continue <strong>à</strong> frapper, mais frappe sans succès. Impatienté de ce<br />
retard, il exhale sa colère, en se répandant en injures contre Chiven qui,<br />
les ayant entendues, répond <strong>à</strong> l’importun par de violents reproches.<br />
Alors le dévot, consterné, change de ton, s’excuse beaucoup, et<br />
demande que ceux qui adoreront Chiven sous la figure du Lingam,<br />
soient plus favorisés que ceux qui ne l’adorent que sous la figure<br />
humaine : sa prière fut exaucée.<br />
Une autre fable rapporte que la partie sexuelle de ce dieu était si<br />
grande qu’elle atteignait <strong>à</strong> son front. Il fut obligé de la couper et de la<br />
diviser en douze parcelles, qui donnèrent naissance <strong>à</strong> toutes les créatures<br />
humaines.<br />
Cette dernière fable paraît allégorique ; les précédentes ne le sont<br />
point. Elle semble exprimer la révolution annuelle du soleil, divisée en<br />
douze mois. L’auteur qui l’a imaginée, a laissé voir la vérité <strong>à</strong> travers le<br />
voile léger dont il l’a enveloppée : cette allégorie prouve que le Lingam<br />
a la même origine et les mêmes rapports avec le soleil régénérateur que<br />
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