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ce lieu, sous le nom de saint Guerlichon ou saint Greluchon 286 .<br />
168<br />
Les femmes stériles venaient implorer sa vertu prolifique, y<br />
faisaient une neuvaine ; et, <strong>à</strong> chacun des neuf jours, elles s’étendaient<br />
sur la figure du saint, qui était placée horizontalement ; puis elles<br />
raclaient une certaine partie de saint Guerlichon, laquelle était aussi en<br />
évidence que celle de Priape : cette raclure, délayée dans l’eau, formait<br />
un breuvage miraculeux.<br />
Henri Etienne, de qui j’emprunte ce fait, ajoute : « Je ne sais pas<br />
si encore, pour le jourd’hui, ce saint est en tel crédit, pour ce que ceux<br />
qui l’ont vu, disent qu’il y a environ douze ans qu’il avait cette partie-l<strong>à</strong><br />
bien usée, <strong>à</strong> force de la racler 287 . »<br />
Le même auteur met au rang des saints de cette espèce un saint<br />
Gilles, qui, dans le pays de Cotentin, en Bretagne, avait aussi la<br />
réputation de procurer la fécondité que les femmes sollicitaient avec des<br />
cérémonies pareilles 288 . Il parle aussi d’un saint René, en Anjou. Le trait<br />
qui caractérisait sa vertu fécondante paraissait dans la plus grande<br />
évidence. Les cérémonies que les femmes pratiquaient pour se rendre le<br />
saint favorable étaient d’une telle indécence, qu’Henri Etienne,<br />
d’ailleurs très libre dans ses expressions, n’ose les décrire. « J’aurais<br />
honte, dit-il, de l’écrire ; aussi les lecteurs auraient honte de le lire. »<br />
Saint Regnaud fut comme saint René 289 , et, peut-être <strong>à</strong> cause de la<br />
286 Saint Guerlichon ou saint Grelichon, comme le nomme Pierre Viret, dans on Traité de la vraie<br />
ou fausse religion (liv. VII, chap. xxxv). Le Duchat croit que ce nom lui est venu de gracilis, grelot.<br />
Au reste, ce nom est encore aujourd’hui une injure triviale, appliquée ordinairement <strong>à</strong> un homme vil,<br />
attaché honteusement <strong>à</strong> une prostituée.<br />
287 Apologie pour Hérodote, t. II, chap. XXXVIII, p 254. Traité de la vraie et fausse religion, par<br />
Pierre Viret, liv. VII, chap, xxxv).<br />
288 Le Duchat, dans ses notes sur l’Apologie pour Hérodote, pense qu’on attribue <strong>à</strong> saint Gilles la<br />
vertu fécondante, parce que son nom a du rapport avec eschilles, qui signifie sonnettes<br />
289 Saint René fut érigé en Priape, <strong>à</strong> cause des rapports de son nom avec le mot reins. On fit, par la<br />
même raison, pareil honneur <strong>à</strong> saint Regnaud.<br />
Il parait que saint Cyre s’immisçait dans les attributions de Priape, si l’on en croit ces vers qui se<br />
trouvent dans les Bigarrures du Seigneur des Accords :<br />
Je suis ce grand vœu de cire