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progrès de leurs désirs, dont la violence leur est insupportable, font<br />
retentir leur caverne de ces cris : Qu’on fasse entrer des hommes, il en<br />
est temps ! Serait-il endormi, mon amant ? Qu’on l’éveille. L’amant ne<br />
vient pas. Faites venir des esclaves ; s’il ne s’en trouve point, un<br />
porteur d’eau. Point de porteur d’eau. Elles sont réduites <strong>à</strong> demander,<br />
faute d’hommes, l’assistance d’un vil quadrupède 225 . »<br />
Les romains transplantèrent le culte de Vénus dans les Gaules. Le<br />
port de Vendres ou de Vénus, portus Veneris, était consacré <strong>à</strong> cette<br />
déesse ; car Vendres était, par contraction, le nom que les Gaulois<br />
donnaient <strong>à</strong> la mères des Amours : on en a la preuve dans le mot vendredi,<br />
jour de Vénus. Plusieurs lieux sont ecore, en France, nommés<br />
Vendre, Ventre, Vendœuvre, etc. : ce qui ferait présumer qu'ils doivent<br />
cette dénomination au culte que cette divinité y recevait.<br />
Si l'on en croit une légende en vers de saint Romain, évêque de<br />
Rouen, le culte de Vénus existait encore dans cette ville au VIIè siècle.<br />
Dans les murs de Rouen était un château fortifié : l<strong>à</strong>, sous des voutes<br />
ténébreuses, des sectaires de la secte se livraient aux excès de la table, et<br />
puis <strong>à</strong> tous ceux de la débauche la plus effrénée. Au centre du château,<br />
s'élevait un édifice appelé temple de Vénus : une idole de cette déesse y<br />
était adorée ; et ses prêtresses, <strong>à</strong> qui notre légendaire peu poli donne le<br />
titre dont le vulgaire grossier apostrophe les plus viles courtisanes, y<br />
remplissaient scandaleusement leur indécent ministère, Saint Romain<br />
détruisit tous ces repaires de prostitution, renversa le temple, brisa<br />
l'idole, et mit en fuite les prêtresses et leurs partisans 226 .<br />
225 … Desunt homines : mora nulla per ipsam,<br />
Quominus imposito clunem submittat asello.<br />
Juvénal, Sat. VI.<br />
Sans doute Juvénal, usant de son privilège de poète, a chargé le tableau ; mais, en rabattant des<br />
exagérations que je lui suppose, il nous restera assez de données, si l’on y joint surtout ce que Tite-<br />
Live nous a conservé des anciennes Bacchanales, pour décider que les Romains avaient abusé de ce<br />
cuite indécemment que lavaient fait les Grecs et les Orientaux.<br />
226 Vita sancti Romani. Thesaur, anecdot., t.III, col.p.1656.