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Ces prostitutions de filles avant leur mariage semblent, au premier<br />
abord, étrangères au culte ; mais, lorsqu’on les rapproche de l’usage des<br />
prostitutions religieuses, on y remarque de grands rapports ; et il est<br />
évident qu’elles en dérivent. Il en est de même des courtisanes de<br />
l’antiquité. On croirait que le libertinage et les profits qui en peuvent<br />
résulter étaient les seuls motifs de leur profession ; mais l’on doit savoir<br />
que ces courtisanes, si nombreuses et si célèbres dans la Grèce,<br />
officiaient dans le temple de Vénus, et qu'elles y étaient les uniques<br />
prêtresses de cette divinité. D’ailleurs, il est certain que les mêmes<br />
prostitutions religieuses qui avaient lieu <strong>à</strong> Babylone, dans toute la<br />
Phénicie, et dans d'autres parties de l’Orient, étaient, dans le principe, en<br />
vigueur <strong>à</strong> Paphos, dans l’île de Chypre, <strong>à</strong> Samos, <strong>à</strong> Corinthe, <strong>à</strong><br />
Amathonte et <strong>à</strong> Hermioné, où l'on voyait plusieurs temples de Vénus.<br />
Entre les différents honneurs que les habitants rendaient <strong>à</strong> cette<br />
divinité, dit Pausanias, on remarque une coutume qui oblige les filles qui<br />
se marient, et les veuves qui veulent contracter un nouveau lieu, <strong>à</strong> venir<br />
sacrifier <strong>à</strong> Vénus avant leurs noces 213 .<br />
La même cérémonie se pratiquait dans tous les lieux où cette<br />
déesse recevait un culte particulier ; mais bientôt les progrès de la<br />
civilisation firent sentir, dans plusieurs villes, l'inconvenance de culte.<br />
Des lois sages y portèrent la réforme : les filles et les femmes des<br />
citoyens furent affranchies de cette servitude indécente ; et les<br />
prostitutions exigées par Vénus devinrent les fonctions des courtisanes<br />
en titre, qui, par devoir, se sacrifiaient <strong>à</strong> la divinité, et, par goût ou par<br />
avarice, prodiguaient leurs faveurs ou les vendaient en public. On<br />
attribue <strong>à</strong> un certain Dexicréonte l'honneur d'avoir, <strong>à</strong> Samos, aboli les<br />
prostitutions religieuses.<br />
Les courtisanes prêtresses de Vénus étaient nombreuses dans les<br />
vu d’hommes : celle qui en a davantage est la plus estimée, comme ayant été aimée d’un plus grand<br />
nombre d’hommes (Hérodote, Melpomène, chap. CLXXVI.)<br />
213 Pausanias, Corinthe, chap. XXXIV.