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eaucoup d'autres figures trouvées <strong>à</strong> Arles, <strong>à</strong> Moissac et ailleurs, mais<br />
qu'il a renoncé <strong>à</strong> les publier, <strong>à</strong> cause de leurs extrèmes obscénités.<br />
151<br />
Ces citations sont suffisantes pour prouver que le culte du Phallus<br />
et de Priape fut introduit dans les Gaules par les Romains, et qu'il y<br />
triompha de la répugnance que leurs habitants marquèrent d’abord pour<br />
ses indécences.<br />
Le culte de Priape eut le même succès en Allemagne et s’y<br />
maintint jusqu’au XIIe siècle. Le nom de ce dieu n’y avait même<br />
presque point éprouvé d’altération. Le culte seul avait reçu l’empreinte<br />
des mœurs barbares et guerrières du peuple chez lequel il fut<br />
transplanté. Ce n’était plus la divinité qui présidait <strong>à</strong> la fécondation des<br />
animaux et des végétaux, <strong>à</strong> la prospérité de tous les êtres vivants, aux<br />
plaisirs des amants, des époux ; c’était un dieu tutélaire du pays, un dieu<br />
féroce, comme le caractères des habitants, qui, au lieu de lui offrir des<br />
fleurs, de faire couler le miel, le lait sur ses autels, les abreuvaient de<br />
sang humain. Ce culte ressemblait <strong>à</strong> une plante exotique qu’un sol ingrat<br />
avait fait dégénérer.<br />
Les habitants de l’Esclavonie, encore livrés, dans le XIIe siècle,<br />
aux pratiques du paganisme, avaient en horreur le nom chrétien. Ils<br />
rendaient un culte <strong>à</strong> Priape, qu’ils nommaient Pripe-Gala. Ces peuples,<br />
ennemis de leurs voisins, qui avaient embrassé le christianisme, faisaient<br />
des incursions fréquentes sur les diocèses de Magdebourg et de la Saxe.<br />
Les traitements qu’ils exerçaient sur les vaincus étaient d’autant plus<br />
cruels que le motif de leur animosité était sacré.<br />
Plusieurs prélats et princes de Saxe se réunirent, vers l’an 1110,<br />
pour implorer le secours des puissances voisines. ils écrivirent aux<br />
prélats d’Allemagne, de Lorraine et de France, et leur exposèrent la<br />
situation déplorable où les plongeait la haine de ces idolâtres. Leur<br />
lettre, dont les expressions semblent dictées par le désespoir et l’ardeur<br />
de la vengeance, avait pour objet de solliciter contre eux une croisade