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Cet usage religieux et galant était établi dans toute la Phénicie. La<br />
déesse qui présidait <strong>à</strong> la génération s’y nommait Astarté, et le lieu qui<br />
lui était consacré, Succoth-Benoth. À Byblos, les jeunes filles avaient<br />
l’alternative de se prostituer pendant un jour entier aux étrangers, ou de<br />
sacrifier leurs cheveux <strong>à</strong> la déesse 202 . Si l’on en juge d’après les vives<br />
déclamations faites par différents écrivains contre le culte de la Vénus<br />
de Byblos et contre ses indécences, on se convaincra que les filles de<br />
cette ville préféraient conserver leur chevelure.<br />
En ce dernier cas, le prix de la prostitution ne servait point <strong>à</strong> leur<br />
dot ; mais il était destiné <strong>à</strong> subvenir aux frais du culte. C’est saint<br />
Augustin qui nous instruit de cette particularité, en nous disant que de<br />
son temps les prostitutions religieuses étaient en usage dans toute la<br />
Phénicie 203 .<br />
Elles y existèrent même longtemps après, jusque sous le règne de<br />
Constantin. Suivant Eusèbe et Théodoret, le temple d’Héliopolis, en<br />
Phénicie, celui des Aphaques, situé sur le mont Liban, entre Héliopolis<br />
et Byblos, étaient dédiés <strong>à</strong> des divinités qui exigeaient de pareils<br />
sacrifices. Ces deux écrivains nous apprennent que cet empereur fit<br />
détruire ces temples, et abolit le culte indécent qu’on y célébrait 204 .<br />
Les Hébreux, voisins des Phéniciens, ne purent résister <strong>à</strong> l’attrait<br />
de l’exemple que ces derniers leur offraient. Moïse avait prévu le<br />
danger, en défendant positivement <strong>à</strong> son peuple ces pratiques impures et<br />
202 Traité de la Déesse de Syrie, dans les œuvres de Lucien.<br />
203 Saint Augustin, Civit. Dei, lib. IV, cap. X<br />
204. Eusèbe, Vita Constantini, lib. III, cap. LIII et LVI ; Théodoret, Hist. ecclésiast., lib. I, cap. VIII.<br />
Le temple des Aphaques était très ancien, l’auteur du Traité de la Déesse de Syrie en parle comme<br />
d’une antiquité vénérable. Eusèbe en fait un tableau hideux. C’était, suivant lui, de vieilles masures,<br />
entourées d’arbustes et broussailles épaisses, où aucun chemin, aucun sentier n’aboutissait. Les<br />
ministres du temple y tenaient école de débauche. Des hommes efféminés, impudents, pour apaiser le<br />
démon qui y présidait, se livraient entre eux aux excès du plus honteux libertinage. En outre, des<br />
hommes et des femmes mariés s’y réunissaient, se confondaient ensemble, et assouvissaient la<br />
violence de leurs désirs.<br />
Il raconte des choses semblables du temple d’Héliopolis, et dit que les habitants y prostituaient<br />
leurs filles aux étrangers qui passaient dans leur pays.