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ords de l’Allier. A Auxerre, ce saint fécondait miraculeusement toutes<br />
les femmes qui l’invoquaient 282 .<br />
166<br />
En Auvergne, <strong>à</strong> quatre lieues de Clermont, près de l’ancienne<br />
route de cette ville <strong>à</strong> Limoges, est, sur la partie orientale d’une<br />
montagne, appelée Tracros, un rocher qui semble en être détaché. Ce<br />
rocher isolé présente de loin la forme d’une statue. Les habitants le<br />
nomment saint Foutin. Ce rocher, ainsi dénommé, n’aurait point de<br />
rapport <strong>à</strong> mon sujet, et pourrait être pris pour l’image de saint Photin,<br />
dont j’ai parlé, si la forme de cette espèce de statue n’était pas<br />
caractérisée de manière <strong>à</strong> ne laisser aucun doute sur le motif de sa<br />
dénomination. En effet, en se plaçant dans la plaine qui est au nord ou<br />
nord-ouest de la montagne de Tracros, on s’aperçoit que saint Foutin a<br />
les formes phalliques énergiquement prononcées.<br />
On ne doit pas douter que les habitants du canton n’aient rendu un<br />
culte <strong>à</strong> cette figure : sa dénomination de saint le prouve ; et l’on y<br />
conserve la tradition des cérémonies superstitieuses qui s’y pratiquaient<br />
autrefois.<br />
Les habitants du Puy-en-Velay parlent encore de leur saint Foutin,<br />
honoré dans leur ville <strong>à</strong> une époque très rapprochée de la nôtre, et que<br />
venaient implorer les femmes stériles. Elles raclaient une énorme<br />
branche phallique que présentait la statue du saint : elles croyaient que<br />
la raclure, infusée dans une boisson, les rendrait fécondes.<br />
C’était, comme on va le voir, le moyen le plus généralement<br />
employé pour obtenir de ces saints <strong>à</strong> Phallus la fécondité qu’on leur<br />
demandait.<br />
C’est sans doute d’un de ces saints dont veut parler Court de<br />
Gebelin, lorsqu’il dit, <strong>à</strong> propos du bouc de Mendès : « J’ai lu quelque<br />
part ou entendu dire que, dans un coin de la France méridionale, il<br />
existait, il n’y a pas longtemps, un usage analogue <strong>à</strong> celui-l<strong>à</strong> : les<br />
282 Confession de Sancy, liv. II, chap. II, et les notes de Le Duchat.