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D’ailleurs, il est prouvé que la superstition, qui n’est qu’un abus<br />
des religions de l’antiquité, a induit les mêmes femmes, dans l’intention<br />
d’exciter ou d’accroître la vigueur ou l’amour de leurs amants, de leurs<br />
époux, dans l’intention même de les faire périr, <strong>à</strong> se livrer <strong>à</strong> des<br />
pratiques tout aussi monstrueuses, tout aussi obscènes : l’imagination la<br />
plus déréglée ne peut rien concevoir de pire 274 .<br />
Il est donc présumable que si des femmes chrétiennes<br />
s’abandonnèrent aux pratiques dégoûtantes que je viens de rapporter en<br />
note dans des intentions superstitieuses, elles purent, dans les mêmes<br />
intentions, fabriquer des Phallus et en abuser. La libertinage continua un<br />
usage qu’un motif superstitieux avait institué. Des actes de religion qui<br />
touchaient de si près <strong>à</strong> la débauche se confondirent facilement avec elle.<br />
Le temps fit oublier l'intention religieuse : les passions désordonnées le<br />
remplacèrent.<br />
Quoi qu’il en soit, des canons pénitentiaux du VIIIè siècle, en<br />
274 Je vais citer quelques-unes de ces opérations magiques. Une seule sera traduite en français. Notre<br />
langue chaste ne pourrait supporter la traduction des autres, que je rapporte en latin d’église, comme<br />
nous les a transmises Burchard, évêque de Worms.<br />
« N’avez-vous pas fait ce que certaines femmes ont coutume de faire ? Elles se dépouillent de leurs<br />
habits, oignent leur corps nu avec du miel, étendent <strong>à</strong> terre un drap sur lequel elles répandent du blé,<br />
se roulent dessus <strong>à</strong> plusieurs reprises, puis elles recueillent, avec soin tous les grains qui se sont<br />
attachés <strong>à</strong> leur corps, les mettent sur la meule qu’elles font tourner <strong>à</strong> rebours. Quand ils sont réduits<br />
en farine, elles en font un pain qu’elles donnent <strong>à</strong> manger <strong>à</strong> leurs maris, afin qu’ils s’affaiblissent et<br />
qu’ils meurent. Si vous l’avez fait, vous ferez pénitence pendant quarante jours au pain <strong>à</strong> l’eau. »<br />
Fecisti quod quædam mulieres facere solent ? Tollunt menstruum suum sanguinem, et immiscent<br />
cibo vel potui et dant viris suis ad manducandum, vel ad bibendum, ut plus diligantur ab eis. Si<br />
fecisti, quinque annos per legitimas ferias poeniteas.<br />
Gustati de semine viri tui, ut propter tua diabolica facta plus in amorem tuum exardesceret. Si<br />
fecisti, septem annos per legitimas ferias poenitere debes.<br />
Fecisti quod quædam mulieres facere solent ? Prosternunt se in faciem, et discoopertis natibus,<br />
jubent ut supra nudas nates conficiatur panis, et, eo decocto, tradunt mantis suis and comedendum.<br />
Hoc ideo laciunt, ut plus exardescant in amorem illarum. Si fecisti, duos annos per legitimas ferias<br />
poeniteas.<br />
Fecisti quod quædam mulieres facere salent ? Tollunt piscem vivum et mittunt eum in puerpenium<br />
suum et tamdiu ibi tenent, donec mortuus fuerit, et decocto pisce, vel assato, maritis suis ad<br />
comedendum tradunt. ldeo faciunt hoc, ut plus in amorem earum exardescant. Si fecisti, duos annos<br />
per legitimas ferias poeniteas. (Burchard, De Pœnitentia, Decretorum, lib. XIX.)