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duquel on fait plus d'estat que d'aucun autre, qui était tout nu, et n'avait<br />

qu'une guilbe de toile blanche sur lui 390 .<br />

« Ledit jour, vendredi vingt-quatre dudit mois de février, tout du<br />

long du jour, l'on ne cessa de voir aussi les processions, et ezquelles il y<br />

avait beaucoup de personnes, tant enfans que femmes et hommes, qui<br />

étaient tous nus, et lesquels portaient et représentaient tous les engins et<br />

instrumens desquels notre Seigneur avait été affligé en sa passion, et<br />

entr'autres les enfans des jésuites, joints <strong>à</strong> ceux qui y vont <strong>à</strong> la leçon,<br />

lesquels étaient tous nus et étaient plus de trois cents , deux desquels<br />

portaient une grosse croix de bois neuf pesant plus de cinquante, voire<br />

soixante livres, et y avait trois chœurs de musique 391 . »<br />

221<br />

Le curé de Saint-Eustache, plus raisonnable que les autres curés<br />

de Paris, voulut faire quelques remontrances sur ces pieuses indécences ;<br />

on le traita de politique et d'hérétique. Il fut contraint, pour éviter la<br />

fureur populaire, de se mettre <strong>à</strong> la tête des processions, « où, dit<br />

l'Estoile, hommes et femmes, garçons et filles, marchaient pêle-mêle, et<br />

où tout était de caresme-prenant ; c'est assez dire qu'on en vit des<br />

fruits 392 . »<br />

Voila l'usage des nudités, des indécences religieuses, bien prouvé<br />

par des témoins oculaires et surtout par un témoin qui en fait l'apologie,<br />

comme d'une chose louable et sainte. Cette apologie naïve est une<br />

conséquence nécessaire des opinions du temps où elle a été faite. Les<br />

nudités n'étaient point encore des indécences, et pouvaient s'associer<br />

avec les actes religieux.<br />

390 Guilbe est certainement le même que guimple, dont nous avons fait guimpe. Guimple etait une<br />

bande de toile dont les femmes couvraient leur gorge, et que les chevaliers plaçaient sur leurs<br />

casques. (Voyez Ducange, au mot Guimpla. ) Ainsi le cure Pigenat, un des plus célèbres boutefeux de<br />

la ligue , ne devait être, par cette faible draperie, que très légèrement couvert.<br />

391 Journal des choses advenues <strong>à</strong> Paris, depuis le 23 décembre 1588 jusqu'au dernier jour d'avril<br />

1589, imprimé parmi les preuves du Journal d'Henri III, t. II, p. 459.<br />

392 Journal d'Henri ÏII, par de l'Estoile, sous l'année 1589.

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