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conformité. On y voit que les Romains, <strong>à</strong> l'exemple des Phéniciens et<br />
des Grecs, dressaient des tentes ou des cabanes de feuillages consacrées<br />
aux mystères de l'amour.<br />
L'obscurité naissante de la fin du jour, l'ombre des arbres, l'abri de<br />
ces tentes formées de branches de myrtes, symboles des amours<br />
fortunées, enhardissaient les désirs et dérobaient quelques alarmes <strong>à</strong> la<br />
pudeur.<br />
«Demain, lit-on dans cette pièce, la mère des Amours, sous des<br />
cabanes verdoyantes de myrte, dressées <strong>à</strong> l'ombre des arbres, dictera ses<br />
lois <strong>à</strong> la jeunesse.»<br />
Diane est trop chaste, suivant le poète, pour être invitée <strong>à</strong> cette<br />
fête. «Si vos regards pudiques pouvaient se fixer sur ces jeux, dit-il <strong>à</strong><br />
cette déesse, vous verriez, pendant trois nuits, des chœurs de jeunes<br />
filles et de jeunes garçons, couronnés de fleurs, errer dans vos bocages,<br />
ou se reposer délicieusement sous les cabanes de myrte 215 .»<br />
Si les prostitutions religieuses se maintinrent dans quelques pays<br />
jusque dans des temps où la civilisation était avancée, c’est qu’elles n’y<br />
furent point aussi publiques. L’intérieur des temples, l’obscurité de la<br />
nuit, le secret des mystères, les cachèrent aux yeux des profanes.<br />
L’indiscrétion de quelques initiés, ou l’audace sacrilège de quelques<br />
hommes passionnés, purent seules lever le voile qui les cachait au<br />
vulgaire.<br />
Les pères de l'Église, et notamment saint Augustin dans sa cité de<br />
215 Les courtisanes publiques étaient <strong>à</strong> Rome, comme en Grèce, les prêtresses de Vénus ; Ovide<br />
l'atteste dans ses Fastes, <strong>à</strong> l'occasion des fêtes vinales et floréales consacrées <strong>à</strong> cette déesse. «Jeunes<br />
filles dévouées aux plaisirs publics, célébrez la divinité de Vénus, honorez-la d'un culte assidu : cette<br />
déesse procure des richesses <strong>à</strong> celles qui font profession de se livrer aux caresses du vulgaire.<br />
Demandez-lui, l'encens <strong>à</strong> la main, la beauté, la faveur du peuple, l'art des gestes agaçants, des paroles<br />
séduisantes, etc.» (Fastes, liv. III.) Dans le même livre des Fastes, Ovide dit de la fête des floréales :<br />
«Mais pourquoi la troupe des courtisanes célèbre-t-elle ces jeux ?»