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signe était inconnu chez les indiens, lorsque, il y a environ quinze cents<br />
ans, il voyagea parmi eux. Bardésane a bien pu n’y pas tout voir ; il a pu<br />
aussi y voir des Lingams, et ne pas en parler, parce que ces simulacres<br />
ne lui présentaient rien d’extraordinaire, rien qu’il n’eût vu plusieurs<br />
fois dans son pays ; et Porphyre, qui le cite, a pu aussi ne point relater<br />
tout ce que Bardésane avait mentionné sur le culte des Indiens.<br />
Cette citation sert <strong>à</strong> prouver que la figure des deux sexes réunis<br />
était anciennement chez les Indiens un objet sacré ; elle prouve aussi<br />
que ces peuples ont scrupuleusement conservé jusqu’<strong>à</strong> nos jours les rites<br />
et les cérémonies qu’ils observaient il y a environ quinze siècles ; car la<br />
figure que Bardésane a remarquée dans l’Inde <strong>à</strong> cette époque ancienne,<br />
existe encore aujourd’hui dans la même forme 83 .<br />
Cette attention <strong>à</strong> ne rien altérer dans les pratiques de la religion<br />
me fait croire que la figure du Phallus ou du Lingam, que les Indiens<br />
vénèrent comme un objet sacré, était également vénérée par eux dans<br />
des temps très reculés.<br />
Je suis confirmé dans cette opinion par le rapport de plusieurs<br />
voyageurs dans l’Inde, qui ont vu sur les murs des pagodes ou temples<br />
de ce pays, dont la structure remontait <strong>à</strong> la plus haute antiquité, des basreliefs<br />
qui représentaient le simulacre du sexe masculin, appelé Lingam,<br />
avec des formes très variées. Enfin, dire <strong>à</strong> ceux qui connaissent<br />
l’éloignement des Indiens pour les innovations religieuses que le culte<br />
du Lingam existe, c’est leur prouver qu’il a existé depuis très longtemps.<br />
83 L’abbé Mignot, dans son second Mémoire sur les anciens philosophes de l’Inde, après avoir cité<br />
le passage de Porphyre sur le voyage de Bardésane, dit, <strong>à</strong> propos de cette figure <strong>à</strong> deux sexes :<br />
« Cette espèce de Lingam se trouve encore aujourd’hui dans l’Inde, comme on le voit par les<br />
figures des idoles de ce pays qui ont été envoyées <strong>à</strong> M. le marquis de Marigny. » (Mém. de<br />
l’Acad. des Inscript., t. XXXI. p. 136.) Un autre écrivain témoigne de l’existence de cette figure.<br />
«Elle est appelée aujourd’hui, dit-il, Ardhanary-Eswara. Ce mélange fut fait, disent les bramines,<br />
parce que Eswara (ou Chiven), amoureux de Parvatti, lui donna la moitié de son corps.» (Mœurs<br />
des Bramines, par Abraham Roger, p. 154.)<br />
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