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conserver les pratiques et les cérémonies de l’ancienne ; mais ce culte<br />
s’est maintenu jusqu’au XVIIe siècle en France, et existe encore dans<br />
quelques parties de l’Italie.<br />
Le fascinum des Romains, cette espèce d’amulette phallique que<br />
les femmes, et surtout les enfants, portaient pendue <strong>à</strong> leur cou ou <strong>à</strong><br />
l’épaule, fut en usage chez les Français pendant plusieurs siècles. De<br />
fascinum ils firent, par contraction, le mot fesne. Ils nommèrent aussi<br />
ces amulettes mandragores, nom d’une plante dont les formes de la<br />
racine se rapprochent de celles du sexe masculin, et <strong>à</strong> laquelle on<br />
attribuait en conséquence des vertus occultes et préservatrices contre les<br />
maléfices. On faisait, en l’honneur de ces amulettes phalliques, des<br />
incantations, des prières : on lui adressait des vers magiques pour en<br />
obtenir du secours.<br />
Une pièce intitulée Jugements sacerdotaux sur les crimes, qui<br />
parait être de la fin du VIIIe siècle, porte cet article : « Si quelqu’un a<br />
fait des enchantements ou autres incantations auprès du fascinum, qu’il<br />
fasse pénitence au pain, <strong>à</strong> l’eau, pendant trois carêmes 258 . »<br />
Le concile de Châlons, tenu au IXe siècle, prohibe cette pratique,<br />
prononce des peines contre ceux qui s’y livrent, et atteste son existence<br />
<strong>à</strong> cette époque.<br />
Burchard, qui vivait au XIIe siècle, reproduit l’article de ce même<br />
concile qui contient cette prohibition. En voici la traduction :<br />
« Si quelqu’un fait des incantations au fascinum, il fera pénitence<br />
au pain, <strong>à</strong> l’eau, pendant trois carêmes 259 . »<br />
Les statuts synodaux de l’église du Mans, qui sont de l’an 1247,<br />
portent la même peine contre celui qui « a péché auprès du fascinum,<br />
qui a fait des enchantements, ou qui a récité quelque formule, pourvu<br />
qu’elle ne soit pas le symbole, l’oraison dominicale ou quelque autre<br />
258 Judicia sacerdotalia de criminibus : veterum scriptorum amplissima collectio, t. VII, p. 35.<br />
259 Burchard, lib. X, cap. XLIX.