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208<br />

rois, des princes, de grands seigneurs, des reines, des grande dames<br />

auxquels il donne constamment la qualification d’honnêtes, lors même<br />

qu’il prouve qu’elles ne l’étaient pas ; c’étaient des personnes d’une<br />

classe dont les actions servent le plus ordinairement de modèle <strong>à</strong> celles<br />

des autres classes de la société.<br />

Les supercheries employées par les épouses pour tromper leurs maris,<br />

par les filles pour tromper leurs mères, leurs surveillantes, afin de<br />

satisfaire des goûts défendus, sont exaltées comme des actions<br />

vertueuses. L’assurance avec laquelle il fait l’éloge de ces désordres<br />

frappe d’étonnement les lecteurs actuels et donne la mesure de l’opinion<br />

et de la moralité de ses contemporains. C’est ainsi que Machiavel<br />

conseillait publiquement les crimes politiques, que le cardinal de Retz se<br />

vantait de ceux qu’il avait commis, que le vieux et sanguinaire Montluc<br />

se glorifiait de ses actes de cruauté, et que, longtemps avant eux Pierre,<br />

abbé de Vaulx-Cerney, faisait l’apologie des trahisons et perfidies dont<br />

son héros, le dévot et sanguinaire Simon de Montfort, se rendit<br />

coupable 367 .<br />

367 Qu’on lise, si on le peut sans indignation, les volumineux Commentaires de Blaise de Montluc ;<br />

et l’on verra presque <strong>à</strong> chaque page les traits de sa cruauté. Ce n’est pas un ennemi qui l’en accuse :<br />

c'est lui-même qui s’en vante. Voici quelques-uns de ses titres de gloire.<br />

Malgré les traités qui permettaient aux protestants de Cahors de s’assembler pour faire le prêche, le<br />

clergé et les catholiques de cette ville mirent le feu au bâtiment où ceux de cette religion étaient<br />

réunis ; et, <strong>à</strong> mesure que ces malheureux échappaient aux flammes, ils étaient massacrés. La cour, <strong>à</strong> la<br />

nouvelle d’un pareil attentat, nomma une commission pour juger les coupables. Plusieurs chanoines,<br />

et même l’évêque de Cahors, furent convaincus d’être les auteurs de l’incendie et des meurtres.<br />

Montluc, lieutenant du roi en Guienne, arriva lorsqu’un chanoine, nommé Viole, que, dans son idiome<br />

gascon, il appelle Bieule, allait être condamné <strong>à</strong> mort. Il s’adresse au président, et lui dit que, s’il<br />

prononce la sentence, il le tuera. Dès le premier mot, dit-il, qu’il ouvrira la bouche, je le tuerai. Puis<br />

il lui dit : Tu déclareras ici devant moi ce que je te demande ou JE TE PENDRAI MOI-MÊME DE MES<br />

MAINS ; CAR J’EN AI PENDU UNE VINGTAINE PLUS GENS DE BIEN QUE TOI, ni que ceux qui ont assisté <strong>à</strong><br />

la séance. Après ce discours, digne d’un bourreau en colère, Montluc mit en fuite le tribunal, et sauva<br />

les criminels. Il était toujours accompagné de deux bourreaux qu’on appelait ses valets de chambre.<br />

Lui-même s’en fait honneur. Je recouvrai secrètement, dit-il, deux bourreaux, lesquels on appela mes<br />

laquais, parce qu’ils étaient souvent après moi. Ayant saisi un protestant nommé Verdier, il nous<br />

apprend qu’il avait deux bourreaux derrière lui bien équipés, et qu’il aida lui-même <strong>à</strong> l’exécution de<br />

ce malheureux. Un ministre protestant se hasarda de venir implorer un jour sa protection. « Je<br />

commence <strong>à</strong> jurer, dit Montluc, et l’empoignai au collet, lui disant : Je ne sais qui me tient que JE NE

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