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209<br />

Tout se ressentait de cette grossièreté, de cette licence de mœurs.<br />

Les peintures, les tapisseries qui décoraient les maisons des riches,<br />

reçurent l’empreinte du siècle. J’invoque encore sur cet objet le<br />

témoignage d’un prédicateur du XVe siècle.<br />

« Souvent, les peintures et les tapisseries, dit-il, représentent des<br />

sujets abominables et pleins de dissolutions, capables d’émouvoir et<br />

TE PENDE MOI-MÊME <strong>à</strong> cette fenêtre, paillard : car J’EN AI ÉTRANGLÉ DE MES MAINS UNE VINGTAINE de<br />

plus gens de bien que toi… je peux dire avec vérité qu’il n’y a lieutenant de roi en France qui ait plus<br />

fait plus passer d' Huguenots par le couteau et par la corde que moi... ; et si je n’en ai pas fait assez<br />

ni tant que j’ai voulu, il n’a pas tenu <strong>à</strong> moi. » On ferait un volume, si l’on voulait rapporter tous les<br />

traits d’injustice, de perfidie, d’inhumanité dont ce vieux militaire s’honore dans les longs mémoires<br />

qu’il a écrits pendant sa vieillesse. Je n’ai jamais fait de lecture plus pénible.<br />

Les trahisons, les perfidies, les cruautés de Simon de Montfort surpassent peut-être celles de Blaise<br />

de Montluc. Je n’en citerai qu’un exemple. Simon de Montfort faisait, par ordre du pape, la guerre <strong>à</strong><br />

Raimond VI, comte de Toulouse. Pour s’emparer des terres de ce comte et le dépouiller de ses biens,<br />

Simon de Montfort avait besoin de faire passer des troupes dans le Quercy : cela n’était pas facile par<br />

la force : il eut recours <strong>à</strong> la perfidie : le légat du pape se chargea de trahir. Il fit des propositions de<br />

paix au comte de Toulouse, l’invita <strong>à</strong> venir en l’église de Narbonne, afin d’y cimenter la paix aux<br />

pieds des autels. Le comte crut <strong>à</strong> la sincérité de ce prélat, suspendit les hostilités ,et se rendit, avec ses<br />

principaux officiers, dans l’église de Narbonne. La cérémonie eut lieu avec les solennités ordinaires ;<br />

la religion sembla cautionner la sincérité des serments réciproques. Ces serments, et l’appareil<br />

religieux qui devait les rendre plus sacrés, n’étaient qu’une comédie sacrilège que faisait jouer le<br />

légat, afin de faciliter le passage des troupes de Simon de Montfort dans le Quercy.<br />

Ce trait de scélératesse de la part de ce guerrier, qui en a bien fait d’autres, est moins étonnant que<br />

l’immoralité et l’effronterie de l’écrivain contemporain qui le raconte. « Pendant que le légat, dit-il,<br />

amusait, enjolait, par une fraude pieuse, les ennemis de la foi assemblés <strong>à</strong> Narbonne, le comte de<br />

Montfort put s’avancer dans le Quercy et dans l’Agénois, y recevoir des renforts qui venaient de<br />

France, et combattre avec avantage les ennemis du Christ. O fraude pieuse ! ô piété frauduleuse du<br />

légat ! »<br />

Voici le texte : Egit ergo miséricordiœ divinœ dispositio, ut, dum legatus hostes fidei qui Narbonnœ<br />

erant congregati alliceret et compesceret, FRAUDE PIA, comes Montisfortis, et peregrini qui venerant<br />

a Francia possent transire ad partes Caturcenses et Aginenses, et suos imo Christi impugnare<br />

inimicos. O LEGATI FRAUS PIA ! O PIETAS FRAUDULENTA ! (Petrus Val. cap. LXX VIII.)<br />

Je ne ferai point ici d’observation particulière, le texte en dit assez ; mais j’observerai qu’en général<br />

nos anciens nobles, après avoir, pendant le cours de leur vie, commis toutes sortes de violences,<br />

voyant s’en approcher le terme, commençaient <strong>à</strong> avoir peur de l’enfer, et croyaient en esquiver les<br />

tourments et s’absoudre de leurs crimes nombreux, en donnant des biens aux monastères. C’est ainsi<br />

que le polichinelle des joueurs de marionnettes frappe ou tue sans raison tous ceux qui se présentent <strong>à</strong><br />

lui, et finit par trembler devant le diable lorsqu’il apparaît.<br />

Simon de Montfort et Blaise de Montluc, ainsi que Catherine de Médicis et le cardinal de Richelieu,<br />

ont été placés, dans l’ancienne galerie du Palais-Royal, au rang des hommes illustres de France.

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