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Le prédicateur Menot fait aussi, <strong>à</strong> ce sujet, de plus graves<br />
reproches aux femmes de Paris. « Dieu sait, dit-il, lorsque vous êtes<br />
découvertes dans les bains, depuis les mamelles jusqu’<strong>à</strong> la plante des<br />
pieds, quels sont vos regards impudiques, vos attouchements criminels,<br />
vos paroles indécentes ; et, ce qui est pis encore, vous ne rougissez pas<br />
d’y conduire vos propres filles qui sont toujours avec vous 359 . »<br />
« Et vous, femmes, dit Maillard, qui faites des signes amoureux <strong>à</strong><br />
vos amants en disant vos heures ; et vous, madame la bourgeoise, qui<br />
êtes remplie de luxure, mais qui avez un extérieur de dévotion lorsque<br />
quelqu’un vous parle, vous dites : Ne parlons point de cela, et vous<br />
crachez par terre, et dites : Fi, fi taisons-nous ; je dis que c’est un péché<br />
mortel, etc. 360 . »<br />
Il reproche ailleurs aux époux de se livrer aux plaisirs du mariage,<br />
en présence de leurs domestiques et de leurs enfants 361 .<br />
Je ne finirais pas si je voulais rapporter tous les traits<br />
caractéristiques de l’impudeur et de la débauche du XVe siècle, que<br />
présentent les sermons de Maillard et autres prédicateurs. Ils répètent<br />
sans cesse les mêmes reproches, et surtout ceux qu’ils adressent aux<br />
mères qui prostituent leurs filles pour leur faire gagner leur mariage <strong>à</strong> la<br />
sueur de leur corps : ce qui ferait croire que l’usage alors en était assez<br />
général.<br />
Il répète également ceux dirigés contre la débauche des prélats,<br />
des chanoines et des moines, qui ont, dit-il, publiquement des<br />
concubines avec lesquelles ils vivent <strong>à</strong> pot et <strong>à</strong> cuiller, et les présentent<br />
toujours comme les principaux corrupteurs de la jeunesse.<br />
Il va même jusqu’<strong>à</strong> dire que les filles de douze ans sont déj<strong>à</strong><br />
dressées au métier de courtisanes, et en vont <strong>à</strong> la moutarde.<br />
toutes nues devant les autres, et de vous livrer <strong>à</strong> vos dissolutions ».<br />
359 Sermo XL, die sabbato post III dominicam, fol. 45.<br />
360 Sermon XVII, série VI du premier dimanche de l’Avent, fol. 51.<br />
361 Sermon III du troisième dimanche après la Pentecôte, fol. 14.