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principales villes de la Grèce : on en comptait plus de mille <strong>à</strong> Corinthe.<br />
125<br />
Le culte de Vénus se maintint longtemps en Grèce dans son<br />
indécence primitive. Outre l’habitude, qui, chez le vulgaire, est un des<br />
plus forts soutiens des institutions antiques, le peuple avait un autre<br />
motif pour conserver ce culte : il était persuadé que ceux qui le<br />
méprisaient attiraient sur eux la haine et la vengeance de la divinité. Les<br />
jeunes filles redoutaient les fureurs de Vénus ; et la peur les rendait<br />
dévotes.<br />
Les prêtres racontaient la fable des Propætides, qui, rejetant le<br />
culte de cette déesse, en furent cruellement punies : elles sentirent dans<br />
leurs veines le feu de l’impudicité, et furent, dit Ovide, les premières<br />
femmes qui se prostituèrent <strong>à</strong> tout venant. Elege et Celène, filles de<br />
Prætus, furent punies pour la même faute. « On les vit, dit Élien,<br />
parcourir toutes nues, comme des insensées, une partie du Péloponnèse<br />
et quelques autres contrées de la Grèce 214 . »<br />
Les Romains honorèrent plusieurs divinités génératrices. Vénus<br />
avait quatre temples <strong>à</strong> Rome et y fut honorée, sous différents surnoms,<br />
par différentes fêtes, célébrées au mois d'avril. Flore paraît être une des<br />
plus anciennes divinités génératrices que les Romains aient adorées ; la<br />
Vénus est bien plus moderne.<br />
Les 1er, 22 et 28 avril étaient consacrés <strong>à</strong> honorer, sous différents<br />
noms, la mère de la génération des êtres. Les cérémonies de ces fêtes<br />
rappellent les prostitutions des religieuses des Orientaux. L'hymne<br />
intitulé Pervigilium Veneris, ou la Veillée de Vénus, offre des traits de<br />
214 Elien, Histoires diverses, liv III, chap. XLII.<br />
Lorsque les anciens eurent oublié le motif des institutions primitives, les cultes ne se soutinrent que<br />
par la crainte de la colère des dieux : aussi a-t-on dit :<br />
Primus in orbe deos fecit timor, ardua coelo<br />
Fulmina quum caderent.<br />
Dans l’Hippolyte d’Euripide, Phèdre est représentée comme une malheureuse victime de la colère<br />
de Vénus : l’amour désordonné qui la tourmente est l’ouvrage de cette divinité persécutrice. Racine<br />
est entré dans le sens du tragique grec, en faisant dire <strong>à</strong> sa Phèdre :<br />
C’est Vénus tout entière <strong>à</strong> sa proie attachée.