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elles-mêmes ; elles leur font gagner leur mariage à la peine et à la sueur
de leur corps 354 .
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« Est-il beau de voir la femme d’un avocat, qui a acheté un office, et qui
n’a pas dix francs de revenus, vêtue comme une princesse ? Sa tête, son
cou, sa ceinture, sont couverts d’or. Et vous dites qu’elle est vêtue
suivant son état ! À tous les diables l’état, vous, la femme, et vous aussi,
Monsieur Jacques, qui leur donnez si légèrement l’absolution ! Elles
disent, sans doute : Nos maris ne nous donnent point de tels habits ;
mais nous les gagnons à la peine de notre corps. À trente mille diables
une telle peine 355 ! »
Il fait tenir le propos suivant à une femme en colère : « Va, put…
infâme, tu tiens bord… en ta maison 356 ! »
Il s’adresse ainsi aux femmes de Paris : « Vous êtes des p… qui
tenez des lieux de débauche ; vous avez fait vos filles p… comme vous,
et vos fils maquer… 357 »
Encore quelques citations de ce grossier prédicateur, et de son
étrange éloquence : elles nous offrent le tableau fidèle des mœurs du
XVe siècle.
Voici ce qu’il dit des femmes de Paris qui vont aux bains :
« Sainte Suzanne, lorsqu’elle lavait ses pieds dans son jardin, fit
éloigner ses suivantes, de peur d’être vue par elles ; et vous, au
contraire, vous restez toutes nues dans les bains, et vous montrez aux
autres ce que vous devez cacher 358 . »
354 Maillard, t. I, sermon 6e du premier dimanche de l’Avent. fol. 48, v°.
355 Carême prêché à Saint-Jean-en-Grève, par Olivier Maillard, en 1498, sermon XXVI du
deuxième dimanche de Carême, fol. 60.
356 Idem. ib., fol. 74. Vade meretrix infamis, tu tenes bordellum in domo tua.
357 Estis meretrices quae tenuistis lupanaria… et fecistis filias vestras meretrices sicut vos, et filios
vestros lenones (maquereaux, gallice). Sermon XXXVIII du quatrième dimanche de l’Avent, fol. 98.
358 Et ostenditis verenda vestra aliis, Sermon XXIII du samedi du deuxième dimanche de l’Avent,
fol. 73, verso. Dans le sermon XXXVI du troisième dimanche de Carême, fol. 88, il dit que Suzanne
n’osait pas seulement montrer ses jambes ; « et vous, ajoute-t-il, vous n’avez pas honte de paraître