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Chapitre 15 : De quelques usages et institutions civiles et religieuses<br />
des siècles passés, dont l'indécence égale ou surpasse celle du culte<br />
du Phallus<br />
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Le culte du Phallus ou de Priape, chez les Chrétiens de l’Europe,<br />
dans les siècles qui ont précédé le nôtre, nous paraît aujourd’hui si<br />
étrange, si invraisemblable, si incohérent avec nos mœurs, qu’on est<br />
tenté de révoquer en doute les témoignages nombreux qui prouvent son<br />
existence. Il est donc nécessaire, pour faire disparaître ces doutes,<br />
d’examiner si les mœurs du temps et des pays où ce culte se maintint lui<br />
étaient aussi contraires qu’on le pense vulgairement ; si ce culte<br />
tranchait trop fortement avec l’esprit et les usages ; et si son indécence<br />
égalait ou surpassait celle de certaines pratiques, de certaines institutions<br />
civiles et religieuses, qui existaient <strong>à</strong> la même époque.<br />
Je ne ferai point ici l’histoire complète des mœurs absurdes et<br />
barbares qui ont souillé l’Europe entière pendant plusieurs siècles : la<br />
matière, très abondante, excéderait le cercle dans lequel mon sujet est<br />
circonscrit. Je ne m’occuperait pas même sommairement de tous les<br />
usages, de toutes les institutions, ni de tout ce qui peut caractériser les<br />
mœurs en général : le tableau en serait hideux, et deviendrait aussi<br />
humiliant pour l’espèce humaine qu’instructif pour elle. Je dois me<br />
borner <strong>à</strong> peindre, dans un cadre très étroit, quelques-uns seulement de<br />
ces usages, de ces institutions, qui ont des rapports bien directs avec la<br />
chasteté et la pudeur, par conséquent avec le culte du Phallus. Encore ne<br />
ferais-je qu’effleurer cette partie délicate, qu’esquisser rapidement les<br />
masses du tableau, et que rassembler les traits les plus saillants qui<br />
caractérisent les mœurs presque ignorées des XIIIe, XIVe et XVe<br />
siècles.<br />
Mais ce que j’exposerai suffira pour convaincre d’impéritie ces<br />
déclamateurs perpétuels qui, obligés par faiblesse ou par esprit de parti