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156<br />

vogue au XVe siècle, on la nommait mandragore. Elle devait éloigner<br />

les maléfices et procurer richesses et bonheur <strong>à</strong> ceux qui la portaient sur<br />

eux proprement enveloppée.<br />

L’usage des mandragores comme amulettes est fort ancien. La<br />

Genèse rapporte que Ruben trouva des mandragores <strong>à</strong> la campagne et<br />

les porta <strong>à</strong> sa mère Lia. On leur attribuait sans doute alors la faculté de<br />

procurer la fécondité, dont les femmes des Hébreux étaient si jalouses.<br />

Rachel, qui, comme Lia, sa sœur, était femme de Jacob, demanda ces<br />

mandragores avec instance : Lia les refusa d’abord, mais lorsque Rachel<br />

eut déclaré qu’elle lui permettait de passer la nuit suivante avec Jacob si<br />

elle voulait les lui accorder, elle se rendit <strong>à</strong> ce prix ; et, pour coucher<br />

avec ce patriarche, elle donna ses mandragores 264 .<br />

Le culte des mandragores et les idées superstitieuses qu’on y<br />

attachait furent en vigueur dans toute l’Europe. On accusa même les<br />

Templiers d’adorer en Palestine une figure appelée mandragore : ce qui<br />

est exprimé dans un interrogatoire manuscrit des religieux de cet<br />

ordre 265 .<br />

Un cordelier, nommé frère Richard, fit, en avril 1229, contre<br />

l’amulette mandragore, un vigoureux sermon. Il convainquit les<br />

hommes et les femmes de son inutilité et en fit brûler plusieurs qu’on lui<br />

remit volontairement. « Les Parisiens, dit un écrivain du temps, avaient<br />

si grant foy en ceste ordure que, pour vray, ils croyoient fermement que,<br />

tant comme ils l’avoient, mais qu’il fut bien nettement en beaux<br />

drapeaux de soie ou de lin enveloppé, que jamais jour de leur vie ne<br />

seroit pauvre. »<br />

L’auteur dit ensuite que ces mandragores avaient été mises en<br />

vogue « par le conseil d’aucunes vieilles femmes qui trop cuident<br />

sçavoir, quant elles se boutent en telles meschancetez, qui sont droites<br />

264 Genèse, chap. XXX, vers. 14 et suiv.<br />

265 Voyez au dépôt des manuscrits de la Bibliothèque nationale, fonds de Baluze, rouleau n° 5.

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