25.06.2013 Views

Version PDF à télécharger

Version PDF à télécharger

Version PDF à télécharger

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

192<br />

Dans les États civilisés, la cause première de la corruption des<br />

mœurs consiste en une trop grande réunion d’habitants dans un même<br />

lieu. Les causes secondaires, qui donnent une activité funeste aux<br />

miasmes moraux, sont le défaut de police, la disproportion des fortunes,<br />

et un trop grand nombre de célibataires. Une police qui ne réprime point<br />

convertit les vices particuliers en habitudes générales, les autorise, les<br />

fortifie. La trop grande disproportion de fortune divise la population en<br />

deux classes ; l’une, oisive, pour se soulager du poids de l’ennui,<br />

concevant des goûts successifs et toujours plus irritants, des jouissances<br />

factices ou raffinées, a besoin de corrompre ; l’autre, tourmentée par des<br />

besoins réels, a besoin d’être corrompue pour recevoir le prix de la<br />

corruption. Les célibataires, quelle que soit la loi qui leur commande cet<br />

état, ne peuvent longtemps résister au vœu de la nature, parce que les<br />

lois qui la contrarient sont toujours impuissantes : ils sont donc réduits <strong>à</strong><br />

les transgresser, et <strong>à</strong> augmenter le nombre des agents de la corruption<br />

publique. Ainsi ce n’est point le manque de prêtres célibataires, comme<br />

on le pense vulgairement, mais ce sont leurs passions et leur multitude<br />

qui contribuent <strong>à</strong> amener la dépravation des mœurs. Il est constant que<br />

le pays de l’Europe où les mœurs sont le plus dépravées est celui où les<br />

prêtres sont le plus abondants : c’est un fait avéré devant lequel viennent<br />

se briser tous les sophismes contraires.<br />

Or, dans les siècles dont j’esquisse les mœurs, cette grande<br />

population des villes, cette cause première de leur corruption n’existait<br />

pas aussi éminemment qu’elle existe aujourd’hui. Les villes capitales de<br />

provinces étaient bien moins habitées que ne le sont certains villages, et<br />

Paris moins peuplé que certaines villes de provinces ; et cependant,<br />

quoique les cérémonies religieuses et la crédulité ne manquassent point,<br />

la corruption était dans les XIIIe, XIVe et XVe siècles, par le défaut de<br />

police et l’abondance de célibataires, beaucoup plus grande qu’elle ne<br />

l’est maintenant. Je vais en fournir quelques preuves.<br />

On trouve que, dès le commencement du XIIe siècle, Guillaume

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!