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Codes : - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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traduisibles d’un système <strong>de</strong> signes dans un autre (comme la traductologie le montre <strong>de</strong> manière non<br />

moins convaincante). (2004 : 23-24)<br />

Le processus <strong>de</strong> traduction se décompose en une étape sémasiologique et une étape<br />

onomasiologique : le traducteur, au départ, construit le désigné et le sens à partir du signifié ;<br />

dans un <strong>de</strong>uxième temps, il cherche à rendre le désigné et le sens par les signifiés étrangers.<br />

Il se heurte à trois obstacles, trois impossibilité théoriques <strong>de</strong> traduction :<br />

<br />

La traduction est théoriquement impossible lorsqu’une langue-culture n’a pas <strong>de</strong><br />

signifié qui désigne une certaine réalité extra-linguistique, « wenn [eine Sprache] eine<br />

bestimmte Realität überhaupt nicht gestaltet » (1978 : 37). Mounin (1963 : 59), tout<br />

en se distanciant <strong>de</strong> la thèse <strong>de</strong> Sapir-Whorf, fait également remonter l’origine <strong>de</strong><br />

certains problèmes <strong>de</strong> traduction à la différence dans la référenciation du réel opérée<br />

par les langues. Ce type d’intraduisibilité théorique n’est pas consubstantiel à tout<br />

acte <strong>de</strong> traduction, mais dépend <strong>de</strong>s langues mises en rapport.<br />

Cependant, on peut combler ce déficit dans la pratique. Berman (1984 : 302), dans<br />

son dialogue avec Mounin, rappelle qu’en cas d’intraduisibilité linguistique, la<br />

traduction apporte <strong>de</strong>s solutions, qui peuvent être un emprunt, un néologisme, une<br />

compensation, un décalage, un remplacement, liste à laquelle nous pouvons ajouter le<br />

procédé métadiscursif <strong>de</strong>s (trop célèbres) Notes du Traducteur 116 .<br />

<br />

La traduction est théoriquement impossible si le signifié a un désigné symbolique. Le<br />

genre grammatical, par exemple, peut être investi d’une valeur culturelle (dans un<br />

conte, le genre du substantif la lune peut être associé à l’i<strong>de</strong>ntité féminine supposée<br />

<strong>de</strong> la lune).<br />

Dans ces cas, que Jakobson analyse comme <strong>de</strong>s « attitu<strong>de</strong>s mythologiques d’une<br />

communauté linguistique » vis-à-vis <strong>de</strong> la langue (2003a : 85-86), il y a pour le<br />

traducteur, en règle générale, un conflit entre le désigné et le sens construit dans le<br />

texte, car il est rare que les <strong>de</strong>ux coïnci<strong>de</strong>nt dans les <strong>de</strong>ux langues. Dans le texte<br />

cible, le traducteur doit opter pour l’invariance du signifié ou du désigné.<br />

116 Mounin, dans un article intitulé « L’intraduisibilité comme notion statistique » (1964, cité par Larose 1992 :<br />

72), évalue dans la traduction d’un texte hopi en anglais les « capitulations » <strong>de</strong> la traduction <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>s<br />

désignés inconnus à seulement 0,5 %, et invite donc à ne pas surévaluer la part <strong>de</strong> ces impossibilités <strong>de</strong><br />

traductions qui ne se laissent pas contourner dans la pratique.<br />

- 116 -

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