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Codes : - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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L’image d’un énonciateur qui puiserait dans une langue qui lui appartiendrait en propre est<br />

dénoncée comme fictive. Ayant posé l’altérité énonciative comme fondamentale, Bakhtine<br />

voit dans le discours rapporté une <strong>de</strong>s formes manifestes <strong>de</strong> cette altérité. Son analyse ne<br />

porte pas tant sur les rouages énonciatifs du discours rapporté que sur ses manifestations<br />

dans le discours et sur ses liens avec les genres <strong>de</strong> discours (en particulier, le lien entre le<br />

discours indirect libre et le roman mo<strong>de</strong>rne).<br />

Le discours rapporté est défini comme une relation entre <strong>de</strong>ux énonciations dont l’une est<br />

dépendante <strong>de</strong> l’autre. Le DR est à la fois un discours dans le discours et un discours sur le<br />

discours. Bakhtine décrit le DD et le DI comme <strong>de</strong>ux mo<strong>de</strong>s fondamentalement différents.<br />

Le DD représente une réification <strong>de</strong> l’énoncé source. Dans le DI en revanche, le locuteur<br />

procè<strong>de</strong> à une appropriation analytique souple <strong>de</strong> l’énoncé source. Bakhtine rapproche les<br />

<strong>de</strong>ux mo<strong>de</strong>s d’appréhension du discours autre <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> idéologique que<br />

sont respectivement « la parole autoritaire », pour le DD, et « la parole persuasive », pour le<br />

DI (Du discours romanesque, cité par Authier-Revuz 1982 : 114).<br />

Le discours indirect libre est la forme la plus étudiée par Bakhtine, qui voit dans cette<br />

construction hybri<strong>de</strong> une « tendance complètement nouvelle, positive, dans l’appréhension<br />

active <strong>de</strong> l’énonciation d’autrui » (Bakhtine 1977 : 195). L’auteur réfute les idées selon<br />

lesquelles le discours indirect libre serait un mélange <strong>de</strong> discours direct et indirect et auraient<br />

comme raison d’être une ambiguïsation du discours. Son analyse, qui porte prioritairement<br />

sur l’emploi du DIL dans le genre romanesque, décrit le DIL comme le reflet d’un<br />

éclatement idéologique. Le roman mo<strong>de</strong>rne représente <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vue différents sur le<br />

mon<strong>de</strong>, et le DIL est la forme énonciative qui répond à cette ambition littéraire :<br />

ce qui en fait une forme spécifique, c’est le fait que le héros et l’auteur s’expriment conjointement,<br />

que, dans les limites d’une seule et même construction linguistique on entend résonner les accents <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux voix différentes. (Bakhtine 1977 : 198)<br />

Dans les perspectives ouvertes par la linguistique <strong>de</strong> l’énonciation, les <strong>de</strong>scriptions du DR en<br />

<strong>de</strong>s termes exclusivement morpho-syntaxiques ont montré leurs carences et le DR a été<br />

redéfini comme la superposition <strong>de</strong> plusieurs plans d’énonciation (Kerbrat-Orecchioni 2002 :<br />

25). Le choix d’une modélisation énonciative a en outre rendu attentif à la proximité entre le<br />

DR et d’autres formes énonciatives complexes.<br />

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