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Codes : - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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Re<strong>de</strong> » les discours rapportés comportant ces locutions (cité d’après von Roncador 1988 :<br />

107).<br />

4) Enfin, la ‘non-fidélité’ du DD peut être explicitée dans <strong>de</strong>s commentaires, comme<br />

l’expose Ducrot (1984 : 199) : « on peut, au style direct, rapporter en <strong>de</strong>ux secon<strong>de</strong>s un<br />

discours <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux minutes : ‘En un mot, Pierre m’a dit : J’en ai assez.’ » (voir aussi Zifonun<br />

et al. 1997 : 1755). En terme <strong>de</strong> fréquence, von Roncador (« Die nicht-wörtliche Re<strong>de</strong> »,<br />

1988 : 88-126) souligne le fait suivant : « Fälle nichtwörtlicher Re<strong>de</strong> [sind] keineswegs<br />

marginal ».<br />

(14) Um Mittag erblickte er Tadzio, <strong>de</strong>r in gestreiftem Leinenanzug mit roter Masche, vom Meere her,<br />

durch die Strandsperre und die Bretterwege entlang zum Hotel zurückkehrte. Aschenbach erkannte<br />

ihn aus seiner Höhe sofort, bevor er ihn eigentlich ins Auge gefaßt, und wollte etwas <strong>de</strong>nken, wie:<br />

Sieh, Tadzio, da bist ja auch du wie<strong>de</strong>r! (Mann, Der Tod in Venedig : 48)<br />

(15) Maître Renard, par l’o<strong>de</strong>ur alléchée<br />

Lui tint à peu près ce langage :<br />

« Hé ! Bonjour, Monsieur du Corbeau [...] » (La Fontaine, Fables, cité par Wilmet 2003 : 444)<br />

En lieu et place <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> fidélité se sont développées les notions <strong>de</strong> « discours rapporté<br />

théâtralisant » 34 , « mise en scène », « szenische Vergegenwärtigung <strong>de</strong>r originalen<br />

Äußerungssituation » (Zifonun et al. 1997 : 1755, voir aussi Brünner 1991) 35 . Nous<br />

empruntons à Ducrot la <strong>de</strong>scription suivante 36 :<br />

On peut admettre […] que l’auteur du rapport, pour renseigner sur le discours original, met en scène,<br />

fait entendre, une parole dont il suppose simplement qu’elle a certains points communs avec celle sur<br />

laquelle il veut informer son interlocuteur. […] Que le style direct implique <strong>de</strong> faire parler quelqu’un<br />

d’autre, <strong>de</strong> lui faire prendre en charge <strong>de</strong>s paroles, cela n’entraîne pas que sa vérité tienne à une<br />

correspondance littérale, terme à terme. (1984 : 199)<br />

La question <strong>de</strong> la non-littéralité du DD se recoupe partiellement avec la question du statut<br />

sémiotique du DR, sur laquelle Ducrot et Authier-Revuz ont <strong>de</strong>s positions divergentes. Pour<br />

34 Selon Li (1986 : 30), A. Wierzbicka fut la première à parler, en 1974, <strong>de</strong> la nature théâtrale du discours direct<br />

(“The Semantics of Direct and Indirect Discourse”. Papers in Linguistics. 7, 3/4, 267-307). Wierzbicka se<br />

situe, sans que cela ait une inci<strong>de</strong>nce sur cette question, dans le cadre <strong>de</strong> la grammaire générative et<br />

transformationnelle, où elle formule l’hypothèse d’une dérivation du discours indirect à partir du discours<br />

direct (Li 1986 : 42).<br />

35 Comme nous le développerons dans le chapitre consacré au DIL (1.4.3.4), le DIL partage cette théâtralité<br />

avec le DD, puisqu’il fait également parler <strong>de</strong>ux énonciateurs.<br />

36 Le discours direct peut être lexicalisé : « <strong>de</strong>r Ohne-mich-Standpunkt », « Pierre est un m’as-tu-vu ». Les<br />

lexicalisations mettent en scène un personnage qui énonce une proposition, par laquelle il se qualifie. Dire <strong>de</strong><br />

quelqu’un qu’il est un m’as-tu-vu « c’est lui attribuer le (pseudo-) trait <strong>de</strong> caractère qui amène à poser<br />

perpétuellement la question : ‘M’as-tu vu ?’ » (Ducrot 1984 : 218). Il est intéressant <strong>de</strong> noter que l’origine <strong>de</strong><br />

cet adjectif renvoie à une situation d’énonciation historiquement datée, comme l’a révélé Anscombre (cité par<br />

Ducrot ibid.) : il s’agit d’une plaisanterie très précise du mon<strong>de</strong> du théâtre lancée contre certains acteurs<br />

accusés <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r sans cesse autour d’eux : « M’as-tu vu dans cette pièce ? ».<br />

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