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Codes : - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

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discours indirect embryonnaire, une ‘Vorstufe erlebter Re<strong>de</strong>’. Dans l’exemple suivant, le<br />

narrateur, dans une <strong>de</strong>scription en focalisation interne, rend compte <strong>de</strong>s sentiments du<br />

personnage et produit un discours qui peut être qualifié d’empathique.<br />

(139) - Monsieur vous attend, madame ; la soupe est servie.<br />

Et il fallut <strong>de</strong>scendre ! Il fallut se mettre à table !<br />

Elle essaya <strong>de</strong> manger. Les morceaux l’étouffaient. (Flaubert, Madame Bovary : II-47)<br />

Le locuteur et l’énonciateur sont le narrateur qui s’exclame en se plaçant dans la position<br />

d’Emma au moment où elle vit la situation. La perception <strong>de</strong> la situation d’Emma déclenche<br />

l’exclamation du narrateur. L’acte réalisé par le narrateur n’est pas celui d’une représentation<br />

d’un discours second. A l’imparfait, « Et il fallait <strong>de</strong>scendre ! Il fallait se mettre à table ! »,<br />

cet énoncé se lirait comme un DIL qui serait au mo<strong>de</strong> direct : « il faut <strong>de</strong>scendre<br />

maintenant ! il faut aller se mettre à table ! » ou « Et voilà, il faut <strong>de</strong>scendre ». La situation<br />

émotive du personnage rend plausible ces injonctions monologales.<br />

Dans ce que nous avons nommé le discours embryonnaire, le passé simple inscrit<br />

l’énonciation dans le champ du narrateur. Le procès est représenté avec le temps du seul<br />

narrateur et le seul indice <strong>de</strong> PDV autre est celui <strong>de</strong>s référents et <strong>de</strong> l’exclamation, tandis que<br />

dans le DIL, l’imparfait est adapté au DIL qui donne accès au personnage qui parle au<br />

moment où il parle (ambition dont rend mieux compte le terme <strong>de</strong> erlebte Re<strong>de</strong>). Les<br />

référents, mais aussi le temps, qui est double, sont <strong>de</strong>s indices <strong>de</strong> DIL. Le procès est<br />

représenté avec le temps du narrateur et celui du personnage.<br />

Ces <strong>de</strong>scriptions du DIL français et <strong>de</strong> ses frontières font apparaître une différence avec<br />

l’allemand. En français, l’existence <strong>de</strong> l’imparfait et du passé simple permet une gradation<br />

dans la représentation <strong>de</strong> l’énonciateur second. Il se pose la question <strong>de</strong> la correspondance<br />

<strong>de</strong>s formes embryonnaires dans un texte cible allemand au Präteritum, une forme<br />

aspectuellement non-spécifiée, qui a <strong>de</strong>s emplois perfectifs et imperfectifs.<br />

La différence aspectuelle entre les temps du passé représente un fait contrastif et un<br />

problème traductologique déjà abondamment étudié (Blumenthal 1997 : 48-63 ;<br />

Maingueneau 2000 : 73). Il a été montré que le maintien <strong>de</strong> l’information aspectuelle est<br />

difficilement réalisable, comme le note Albrecht : « Von wenigen Ausnahmefällen<br />

abgesehen wäre ein Übersetzer schlecht beraten, wollte er eine im System <strong>de</strong>r<br />

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