29.12.2013 Views

Codes : - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

Codes : - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

Codes : - Bibliothèques de l'Université de Lorraine

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

5.3.3 Le conditionnel<br />

La comparaison entre l’EIR et le conditionnel porte sur un <strong>de</strong>s emplois 164 du conditionnel,<br />

dit du conditionnel journalistique (Rosier 1999 : 94-95 et 162-172 ; Kronning 2002), du<br />

conditionnel d’altérité énonciative (Haillet 2002), ou encore du conditionnel épistémique<br />

(Coltier et Dendale 2004). Il est illustré par les extraits suivants. Le titre <strong>de</strong> l’article <strong>de</strong> presse<br />

indique que le journaliste subordonne la vérité <strong>de</strong> son affirmation à celle du discours d’autres<br />

énonciateurs (M. Al-Gaoud, le Christian Science Monitor).<br />

(154) A Bagdad, la journaliste Jill Carroll aurait été libérée contre une rançon.<br />

[...] M. Al-Gaoud a affirmé que les ravisseurs <strong>de</strong> Jill Carroll ont <strong>de</strong>mandé une rançon <strong>de</strong> 8 millions <strong>de</strong><br />

dollars, mais qu’il a négocié et versé « <strong>de</strong> bonnes donations » à <strong>de</strong>s « veuves et orphelins liés à la<br />

résistance ». [...] Les responsables du Christian Science Monitor ont indiqué qu’ils n’étaient pas au<br />

courant d’une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> rançon, mais le témoignage <strong>de</strong> M. Al-Gaoud est pris au sérieux [...]. (Le<br />

Mon<strong>de</strong>, 14.04.2006 : 4)<br />

Dans les <strong>de</strong>ux extraits suivants, les propositions énoncées au conditionnel sont données<br />

comme vraies uniquement dans le cadre <strong>de</strong> croyance d’un autre énonciateur (ici Bloomfield).<br />

Les contextes amènent <strong>de</strong>ux modalisations différentes <strong>de</strong> l’énonciateur premier : soit une<br />

simple réserve (premier exemple), soit une critique forte (<strong>de</strong>uxième exemple).<br />

(155) Inspiré <strong>de</strong>s travaux que B.F. Skinner a mené sur <strong>de</strong>s pigeons (« I never assumed I was not like my<br />

pigeons »), Bloomfield a ramené les phénomènes linguistiques au schéma stimulus-réponse, évacuant<br />

ainsi le problème du sens. Trop <strong>de</strong> facteurs rendraient impossible la définition du sens et la relation<br />

du locuteur avec le mon<strong>de</strong> réel du fait qu’il faudrait faire la somme <strong>de</strong>s situations où une entité<br />

linguistique apparaît comme stimulus et <strong>de</strong>s comportements-réponses que ce stimulus entraîne <strong>de</strong> la<br />

part <strong>de</strong> l’interlocuteur. Bloomfield ajoute que « les situations qui poussent les gens à proférer <strong>de</strong>s<br />

énoncés linguistiques comprennent tous les objets et tous les événements <strong>de</strong> leur univers. […] »<br />

(Larose 1992 : 40-41)<br />

(156) Cette position […] a été reprise et formulée […] par B.L. Whorf […]. Les structures linguistiques<br />

détermineraient ce que l’individu perçoit <strong>de</strong> son univers (Welbilt [sic]) et comment il le pense. Un<br />

peuple qui possé<strong>de</strong>rait <strong>de</strong>s caractéristiques grammaticales particulières serait appelé à adopter une<br />

démarche culturelle déterminée. Ainsi, un peuple qui ne distinguerait pas le passé du présent, comme<br />

c’est le cas <strong>de</strong>s Hopis, vivrait en vacuum dans un univers intersidéral. « Il y a <strong>de</strong>s langues, disait<br />

excellemment J. Vendryes, qui ont perdu l’infinitif, le grec mo<strong>de</strong>rne ou le bulgare par exemple : cela<br />

n’implique pas qu’un Grec ou un Bulgare ait perdu la faculté <strong>de</strong> concevoir abstraitement une action<br />

verbale » (Mounin 1976 : 157). » (Larose 1992 : 43-44)<br />

La proximité du conditionnel avec le discours rapporté naît <strong>de</strong> la référence à un autre<br />

énonciateur et - le plus souvent - à son énonciation, proximité soulignée par la possibilité <strong>de</strong><br />

prolonger les énoncés au conditionnel par du discours indirect régi (exemple 155,<br />

« Bloomfield ajoute que… »). Toutefois, le conditionnel est une forme <strong>de</strong> renvoi vers la<br />

164 Le conditionnel a quatre valeurs selon Coltier et Dendale (2004 : 587) : valeur d’éventualité, valeur<br />

temporelle, valeur d’atténuation, valeur épistémique. Haillet (2002) en distingue trois : le conditionnel<br />

temporel, le conditionnel d’hypothèse, le conditionnel d’altérité énonciative.<br />

- 172 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!