statistique, théorie et gestion de portefeuille - Docs at ISFA
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152 5. Approche comportementale <strong>de</strong>s marchés financiers : l’apport <strong>de</strong>s modèles d’agents<br />
<strong>de</strong> mark<strong>et</strong>-makers comme sur le NYSE que pour les marchés organisés autour d’un carn<strong>et</strong> d’ordres<br />
gérés inform<strong>at</strong>iquement comme sur EURONEXT ou sur le marché australien ASX.<br />
Malgré ces quelques limit<strong>at</strong>ions, la modélis<strong>at</strong>ion (5.3) est la plus souvent r<strong>et</strong>enue du fait <strong>de</strong> sa simplicité,<br />
ce qui est pleinement justifiable lorsque c<strong>et</strong>te simplific<strong>at</strong>ion perm<strong>et</strong> d’obtenir <strong>de</strong>s solutions analytiques<br />
pour le modèle considéré. Malheureusement, la plupart <strong>de</strong>s modèles d’agents que l’on rencontre dans<br />
la littér<strong>at</strong>ure doivent, du fait <strong>de</strong> leur complexité, être étudiés numériquement. Du coup, c<strong>et</strong>te approche<br />
simplific<strong>at</strong>rice, n’a <strong>de</strong> raison d’être que dans la mesure où elle facilite l’interprét<strong>at</strong>ion <strong>et</strong> la compréhension<br />
<strong>de</strong>s résult<strong>at</strong>s numériques en perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> réduire l’ensemble <strong>de</strong>s paramètres du système à son minimum.<br />
5.2 Modèles d’opinion contre modèles <strong>de</strong> marché<br />
Outre la modélis<strong>at</strong>ion du prix <strong>de</strong>s actifs financiers, un <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s marchés en terme <strong>de</strong><br />
modèle d’agents est <strong>de</strong> s’intéresser à la dynamique <strong>de</strong> répartition <strong>de</strong> ces agents en différents groupes :<br />
ach<strong>et</strong>eurs/ven<strong>de</strong>urs, fondamentalistes/chartistes ou encore imit<strong>at</strong>eurs/antagonistes C’est pour cela, qu’une<br />
fois fixées les règles <strong>de</strong> form<strong>at</strong>ion <strong>de</strong>s groupes, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s modèles d’agents reprend les principes directeurs<br />
<strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> n’importe quel système dynamique.<br />
Un point important dans la distinction entre les différents types <strong>de</strong> modèles d’agents est <strong>de</strong> savoir si la<br />
variable prix est endogène au modèle ou exogène. Par exogène, nous entendons que le prix est fixé par<br />
l’excès <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>et</strong> donc par la composition <strong>de</strong>s différents groupes d’agents, mais qu’il n’influe pas sur<br />
la form<strong>at</strong>ion <strong>de</strong> ces groupes. En ce sens, <strong>de</strong> tels modèles d’agents ne sont rien d’autres que <strong>de</strong>s modèles<br />
d’opinion, où le déséquilibre entre les différents groupes est traduit par un prix, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’équ<strong>at</strong>ion<br />
(5.3). Au contraire, lorsque le prix <strong>de</strong>vient une variable endogène, la form<strong>at</strong>ion <strong>de</strong>s différents groupes<br />
d’agents dépend <strong>de</strong> celui-ci, notamment par l’intermédiaire <strong>de</strong> règles <strong>de</strong> transition entre groupes. Il y<br />
a donc, d’une part une action <strong>de</strong> la composition <strong>de</strong>s groupes sur le prix (via 5.3), <strong>et</strong> d’autre part une<br />
rétro-action du prix sur la composition <strong>de</strong>s groupes (via les règles <strong>de</strong> form<strong>at</strong>ion/transition). On est alors<br />
réellement en présence d’un modèle <strong>de</strong> marché.<br />
Parmi les nombreux modèles d’opinion ayant vu le jour, le modèle <strong>de</strong> Cont <strong>et</strong> Bouchaud (2000) présente<br />
l’avantage d’être d’une gran<strong>de</strong> généralité. En eff<strong>et</strong>, il ne spécifie nullement la n<strong>at</strong>ure <strong>de</strong>s interactions<br />
entre les agents - celle-ci étant extrêmement difficile à déterminer - <strong>et</strong> va même jusqu’à tirer profit <strong>de</strong><br />
c<strong>et</strong>te indétermin<strong>at</strong>ion en reprenant l’idée défendue par Kirman (1983) selon laquelle la communic<strong>at</strong>ion<br />
entre agents économiques peut être représentée comme un réseau <strong>de</strong> connexions alé<strong>at</strong>oires. Cont <strong>et</strong> Bouchaud<br />
(2000) formalisent alors le problème <strong>de</strong> sorte qu’il apparaisse exactement comme un problème <strong>de</strong><br />
percol<strong>at</strong>ion, phénomène critique bien connu <strong>de</strong>s m<strong>at</strong>hém<strong>at</strong>iciens <strong>et</strong> physiciens.<br />
Plus précisément, Cont <strong>et</strong> Bouchaud (2000) considèrent un ensemble <strong>de</strong> N agents choisissant d’être<br />
ach<strong>et</strong>eurs, ven<strong>de</strong>urs ou <strong>de</strong> ne pas prendre position sur le marché, avec <strong>de</strong>s probabilités respectivement<br />
égales à a, a <strong>et</strong> 1−2a, <strong>et</strong> a ∈]0, 1/2[. Ces agents créent <strong>de</strong>s coalitions au sein <strong>de</strong>squelles chaque individu<br />
possè<strong>de</strong> la même opinion, ce qui peut rendre compte par exemple <strong>de</strong> l’existence <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong><br />
groupes d’investisseurs associés au sein <strong>de</strong> fonds mutuels. Les coalitions se forment <strong>de</strong> manière alé<strong>at</strong>oire<br />
par appariement entre agents. Ainsi, on peut considérer que les agents sont situés sur les nœuds d’un<br />
graphe, <strong>et</strong> que <strong>de</strong>ux agents en rel<strong>at</strong>ion sont liés par une connexion entre les nœuds qu’ils occupent.<br />
Un groupe d’opinion est alors représenté par un amas <strong>de</strong> nœuds reliés entres eux par <strong>de</strong>s connexions<br />
binaires, <strong>et</strong> la distribution <strong>de</strong> taille <strong>de</strong> ces amas peut être obtenue à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> résult<strong>at</strong>s standards en <strong>théorie</strong><br />
<strong>de</strong>s graphes.<br />
En supposant que la probabilité que <strong>de</strong>ux agents soient appariés est p = c/N, ce qui garantit que le<br />
nombre moyen d’agents avec lequel un agent donné est relié reste fini (est égal à c) quand N tend