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statistique, théorie et gestion de portefeuille - Docs at ISFA

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12.1. Comprendre <strong>et</strong> gérer les risques grands <strong>et</strong> extrêmes 377<br />

la distribution <strong>de</strong>s drawdowns (ou somme <strong>de</strong><br />

pertes quotidiennes successives) d’un actif, que<br />

ce soit d’un indice financier, du taux <strong>de</strong> change<br />

entre <strong>de</strong>ux monnaies ou <strong>de</strong> la côte d’une action,<br />

présente un comportement anormal pour les très<br />

grands drawdowns. Autrement dit, les très grands<br />

drawdowns n’appartiennent pas à la même popul<strong>at</strong>ion<br />

que le reste <strong>de</strong> la <strong>st<strong>at</strong>istique</strong> observée <strong>et</strong> font<br />

apparaître d’importantes corrél<strong>at</strong>ions sérielles qui<br />

les rend beaucoup plus probables.<br />

Les distributions Parétiennes ou en exponentielles<br />

étirées sont insuffisantes pour quantifier<br />

ces grands risques intermittents, que nous appelons<br />

“outliers”, pour faire référence au vocable<br />

<strong>st<strong>at</strong>istique</strong> désignant <strong>de</strong>s occurrences anormales,<br />

distinctes du reste <strong>de</strong> la popul<strong>at</strong>ion. La<br />

n<strong>at</strong>ure outlier <strong>de</strong>s évènements extrêmes semble<br />

ne pas se confiner aux systèmes financiers<br />

mais a été proposée également pour la rupture<br />

c<strong>at</strong>astrophique <strong>de</strong> m<strong>at</strong>ériaux <strong>et</strong> <strong>de</strong> structures<br />

industrielles, les tremblements <strong>de</strong> terre,<br />

les c<strong>at</strong>astrophes météorologiques <strong>et</strong> enfin divers<br />

phénomènes biologiques <strong>et</strong> sociaux. Les crises<br />

extrêmes semblent donc résulter <strong>de</strong> mécanismes<br />

amplific<strong>at</strong>eurs spécifiques signalant probablement<br />

<strong>de</strong>s phénomènes coopér<strong>at</strong>ifs. Ainsi, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<br />

comportementales, dans lesquelles l’économie<br />

dite “cognitive” tient un grand rôle, perm<strong>et</strong>tent<br />

d’associer ces corrél<strong>at</strong>ions sérielles intermittentes<br />

concomitantes <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s pertes à certains comportements<br />

<strong>de</strong>s acteurs économiques, tels que <strong>de</strong>s<br />

eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> paniques <strong>et</strong>/ou d’imit<strong>at</strong>ions.<br />

Dans ce contexte, les mesures <strong>de</strong> risques réalisées<br />

à partir d’outils standards comme la VaR<br />

(Value-<strong>at</strong>-Risk) peuvent se révéler totalement<br />

inadéqu<strong>at</strong>es. En eff<strong>et</strong>, une perte journalière <strong>de</strong> 2 %<br />

ou 3 % sur les marchés financiers n’est pas rare,<br />

<strong>et</strong> ne constitue pas un événement extrême. Mais si<br />

une perte d’une telle ampleur vient à se reproduire<br />

plusieurs jours <strong>de</strong> suite, qui plus est en s’amplifiant,<br />

la perte cumulée peut alors <strong>at</strong>teindre 10%,<br />

20% ou même beaucoup plus, ce qui entraîne <strong>de</strong>s<br />

conséquences bien plus dram<strong>at</strong>iques que ne l’indique<br />

la VaR à l’échelle quotidienne. La prise<br />

en compte <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> dépendances sérielles<br />

intermittentes nécessite impér<strong>at</strong>ivement le calcul<br />

d’indic<strong>at</strong>eurs <strong>de</strong> risques à plusieurs échelles temporelles<br />

perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> couvrir la distribution <strong>de</strong>s<br />

durées <strong>de</strong> drawdowns, comme le suggère le Comité<br />

<strong>de</strong> Basle quand il recomman<strong>de</strong> <strong>de</strong> calculer la<br />

VaR sur un intervalle <strong>de</strong> dix jours. La distribution<br />

<strong>de</strong>s drawdowns fournit un tel indic<strong>at</strong>eur parmi<br />

d’autres. Notons aussi que <strong>de</strong> nombreux investisseurs<br />

professionnels <strong>at</strong>tachent une gran<strong>de</strong> importance<br />

aux drawdowns pour caractériser leurs<br />

risques <strong>et</strong> la qualité d’une str<strong>at</strong>égie ou d’un <strong>portefeuille</strong>.<br />

Dépendance <strong>de</strong> queue<br />

<strong>et</strong> contagion<br />

Cependant, une <strong>gestion</strong> <strong>de</strong>s risques digne <strong>de</strong> ce<br />

nom ne peut se réduire à une étu<strong>de</strong> individuelle <strong>de</strong><br />

chaque actif. En eff<strong>et</strong>, l’épine dorsale <strong>de</strong> la <strong>gestion</strong><br />

<strong>de</strong>s risques est la diversific<strong>at</strong>ion par la constitution<br />

<strong>de</strong> <strong>portefeuille</strong>s <strong>de</strong> risques, aussi bien en assurance<br />

qu’en finance. De la même manière que<br />

le paradigme gaussien est inadéqu<strong>at</strong> pour quantifier<br />

les grands risques <strong>de</strong>s distributions marginales<br />

<strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments, la covariance intervenant dans la<br />

<strong>théorie</strong> standard du <strong>portefeuille</strong> ne donne qu’une<br />

idée très limitée <strong>de</strong>s grands risques collectifs. Ces<br />

grands risques <strong>de</strong> <strong>portefeuille</strong> résultent en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

la conjonction d’eff<strong>et</strong>s non-gaussien dans les distributions<br />

marginales à queue épaisse <strong>et</strong> dans les<br />

dépendances entre actifs.<br />

On peut donner une idée <strong>de</strong> l’importance <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s<br />

<strong>de</strong> dépendance non-gaussienne en étudiant la<br />

“dépendance <strong>de</strong> queue” λ c’est-à-dire la probabilité<br />

pour que l’actif X subisse une perte plus<br />

gran<strong>de</strong> que Xq, associée au quantile q tendant vers<br />

zéro, conditionnée à la réalis<strong>at</strong>ion d’une perte <strong>de</strong><br />

l’actif Y plus gran<strong>de</strong> que Yq associée au même<br />

quantile q. Il se trouve que λ est nul pour les actifs<br />

à dépendance gaussienne ! Par contre, dans le<br />

cadre <strong>de</strong>s modèles à facteurs, nous avons montré<br />

que seules les distributions sous-exponentielles<br />

(<strong>et</strong> plus particulièrement Parétiennes) présentent<br />

une dépendance <strong>de</strong> queue asymptotique (pour q<br />

tendant vers 0). Il est possible d’accé<strong>de</strong>r au paramètre<br />

<strong>de</strong> dépendance <strong>de</strong> queue entre <strong>de</strong>ux actifs<br />

par <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s qui ne font pas appel à une<br />

détermin<strong>at</strong>ion <strong>st<strong>at</strong>istique</strong> directe. Nos tests empiriques<br />

trouvent alors un bon accord entre le ca-

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