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statistique, théorie et gestion de portefeuille - Docs at ISFA

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5.4. Conséquences <strong>de</strong>s phénomènes d’imit<strong>at</strong>ion <strong>et</strong> d’antagonisme... 155<br />

<strong>de</strong>s anciennes qu’elles finissent par remplacer.<br />

Les modèles <strong>de</strong> minorité, introduits par Chall<strong>et</strong> <strong>et</strong> Zhang (1997), procè<strong>de</strong> d’une toute autre approche.<br />

Considèrons N agents en compétition pour une ressource limitée <strong>et</strong> dont les choix se résument à <strong>de</strong>ux<br />

altern<strong>at</strong>ives mutuellement exclusives, que l’on pourra noter 0 ou 1. Chaque agent effectue un choix, <strong>et</strong> les<br />

gagnants sont ceux qui sont en minorité (on peut reconnaître ici le célèbre problème du bar d’El Farol introduit<br />

par Arthur (1994)). Un tel modèle est pertinent dans un contexte financier, car un agent qui déci<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> vendre, par exemple, ne va empocher un bénéfice que si la majorité <strong>de</strong>s autres agents sont ach<strong>et</strong>eurs,<br />

<strong>de</strong> sorte que l’excès <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> soit positif <strong>et</strong> que le prix augmente (voir Chall<strong>et</strong>, Chessa, Marsili <strong>et</strong><br />

Zhang (2001) pour une discussion <strong>de</strong> l’applic<strong>at</strong>ion <strong>de</strong>s jeux <strong>de</strong> minorité aux marchés financiers).<br />

Concrètement, le jeu est répété un grand nombre <strong>de</strong> fois, si bien que chaque agent dispose <strong>de</strong> la même<br />

inform<strong>at</strong>ion : la succession <strong>de</strong>s décisions minoritaires, soit une séquence <strong>de</strong> 0 <strong>et</strong> <strong>de</strong> 1. En supposant que<br />

les agents ne disposent que d’une mémoire <strong>de</strong> taille limitée m, tous les agents connaissent donc les m<br />

<strong>de</strong>rniers choix gagnants. Une séquence <strong>de</strong> longueur m représente donc l’histoire <strong>de</strong>s événements <strong>et</strong> il y<br />

a évi<strong>de</strong>mment 2m histoires possibles. Chaque agent établit <strong>de</strong>s str<strong>at</strong>égies visant à prédire l’ét<strong>at</strong> futur du<br />

système en se fondant sur l’histoire passée. Il existe donc en tout 22m str<strong>at</strong>égies. Tous les agents possè<strong>de</strong>nt<br />

un même nombre <strong>de</strong> str<strong>at</strong>égies, ces str<strong>at</strong>égies étant différentes d’un agent à l’autre. C<strong>et</strong>te approche perm<strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong> l’extraordinaire diversité <strong>de</strong>s acteurs économiques présents sur les marchés<br />

réels. En eff<strong>et</strong>, ceux-ci ont <strong>de</strong>s objectifs différents, aussi bien en terme <strong>de</strong> gains espérés que d’horizon<br />

d’investissements mais aussi d’aversion au risque <strong>et</strong> présentent donc <strong>de</strong>s str<strong>at</strong>égies extrêmement variées.<br />

Les résult<strong>at</strong>s fournis par ce type <strong>de</strong> modèles sont s<strong>at</strong>isfaisants dans la mesure où ils perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> rendre<br />

compte <strong>de</strong>s distributions <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment en loi <strong>de</strong> puissance <strong>et</strong> <strong>de</strong> la lente décroissance <strong>de</strong> la corrél<strong>at</strong>ion <strong>de</strong><br />

la vol<strong>at</strong>ilité lorsque le rapport m/N est voisin d’une certaine valeur critique. Cependant, comme relevé<br />

récemment par An<strong>de</strong>rsen <strong>et</strong> Sorn<strong>et</strong>te (2002b) <strong>et</strong> Giardina <strong>et</strong> Bouchaud (2002), le principe <strong>de</strong> minorité<br />

n’est pas toujours le plus réaliste. En eff<strong>et</strong>, un agent a intérêt à se trouver dans la minorité lorsqu’un<br />

renversement <strong>de</strong> tendance est observé sur les prix, mais lorsque la tendance se poursuit, il faut être dans<br />

la majorité pour profiter <strong>de</strong> celle-ci. Dans le cadre <strong>de</strong> ce modèle, la trajectoire <strong>de</strong> la richesse <strong>de</strong>s agents<br />

est notablement différente <strong>de</strong> celle observée dans les jeux <strong>de</strong> minorités standards, mais ce type <strong>de</strong> modèle<br />

rend tout aussi bien compte <strong>de</strong>s distributions <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment à queue épaisse que <strong>de</strong> la corrél<strong>at</strong>ion à longue<br />

portée <strong>de</strong> la vol<strong>at</strong>ilité.<br />

5.4 Conséquences <strong>de</strong>s phénomènes d’imit<strong>at</strong>ion <strong>et</strong> d’antagonisme sur la<br />

forme <strong>de</strong> la trajectoire <strong>de</strong>s prix d’un actif.<br />

Tous les modèles microscopiques que nous avons décrits jusqu’à présent perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> rendre compte<br />

<strong>de</strong> la distribution <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments ainsi que <strong>de</strong> la corrél<strong>at</strong>ion à longue portée <strong>de</strong> la vol<strong>at</strong>ilité, qui sont les<br />

faits stylisés les plus marquants observés au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong>s rentabilités boursières. Pour autant, aucun <strong>de</strong> ces<br />

modèles n’est capable d’expliquer la croissance super-exponentielle <strong>de</strong>s prix que l’on observe lorsqu’une<br />

bulle spécul<strong>at</strong>ive se développe.<br />

Afin <strong>de</strong> pouvoir modéliser ce phénomène, il convient <strong>de</strong> comprendre ce que recouvre une croissance<br />

super-exponentielle du prix d’un actif. Lorsque le ren<strong>de</strong>ment d’un actif est constant, son prix augmente<br />

n<strong>at</strong>urellement <strong>de</strong> façon exponentielle, puisque l’actualis<strong>at</strong>ion est un processus multiplic<strong>at</strong>if. Une croissance<br />

super-exponentielle traduit donc le fait que le ren<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> l’actif considéré augmente au fur <strong>et</strong><br />

à mesure que son prix lui-même augmente. Un mécanisme possible est le suivant : lorsqu’une tendance<br />

haussière suffisamment forte apparaît, le nombre d’agents ach<strong>et</strong>eurs augmente, <strong>at</strong>tiré par la promesse <strong>de</strong><br />

gains importants, ce qui en r<strong>et</strong>our intensifie la tendance du fait <strong>de</strong> la forte pression ach<strong>et</strong>euse, validant du

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