statistique, théorie et gestion de portefeuille - Docs at ISFA

12.1. Comprendre et gérer les risques grands et extrêmes 375
COMPRENDRE ET GÉRER
LES RISQUES GRANDS ET EXTRÊMES
Jorgen V. Andersen
Chargé de recherche à l’université Paris X-Nanterre (Thema)
et à l’université de Nice Sophia-Antipolis
Yannick Malevergne
Doctorant à l’université de Nice Sophia-Antipolis
et à l’université Lyon I (ISFA)
Didier Sornette
Directeur de recherche à l’université de Nice Sophia-Antipolis
et professeur à l’université de Californie, Los Angeles (Ucla)
L’impact des risques grands et extrêmes sur l’activité financière et le secteur
de l’assurance est devenu si important qu’il ne peut plus être ignoré des gestionnaires
de portefeuille. C’est pourquoi nous nous proposons de synthétiser
ici les étapes successives conduisant à une gestion de portefeuille rigoureuse
visant à prendre en compte (1) le comportement sous-exponentiel des distributions
de rendement, (2) les dépendances non-gaussiennes entre actifs et (3)
les dépendances temporelles intermittentes amenant les grandes pertes tout en
déployant (4) le concept de risque sur ses différentes dimensions allant des
“petits” risques jusqu’aux risques “extrêmes” afin de définir des fonctions de
décision cohérentes et pratiques permettant d’établir des portefeuilles optimaux.
La capitalisation totale des marchés financiers à
travers le monde a considérablement augmenté
depuis le début des années 1980. En effet, alors
qu’elle ne représente que 3380 milliards de dollars
en 1983, soit 4 fois le budget annuel des
États-Unis d’Amérique, elle atteint, en 1999, le
chiffre de 38700 milliards de dollars, soit 22 fois
budget annuel des États-Unis, pour cette annéelà.
Ainsi, en moins de vingt ans, la capitalisation
boursière mondiale est passée de 4 fois à 22
fois le budget des Etats-Unis ! Rien qu’en ce qui
concerne la dernière décennie, la capitalisation
boursière et les volumes échangés ont triplé, alors
que le volume d’actions émises a été multiplié par
six. De plus, la volatilité a connu une croissance
significative depuis le début des années 1990,
surtout pour les marchés intégrant des sociétés
fortement centrées sur le secteur des technologies
de l’information (indice américain Nasdaq ou
finlandais Helsinki General (Hex) par exemple).
La même tendance, certes moins prononcée, est
également visible sur des marchés plus traditionnels
comme par exemple le Cac40 (bourse de Paris),
le Dow Jones (Bourse de New York) ou le
Ftse100 (bourse de Londres).
Cette intense et lucrative activité financière est
cependant tempérée par quelques rares mais très
violentes secousses. En effet, l’éclatement des
bulles spéculatives de la fin des années 1990,