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statistique, théorie et gestion de portefeuille - Docs at ISFA

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10.1. La <strong>théorie</strong> <strong>de</strong> l’utilité 347<br />

Moyennant ces <strong>de</strong>ux axiomes <strong>et</strong> quelques hypothèses à caractère purement technique que nous om<strong>et</strong>tons,<br />

il est possible <strong>de</strong> montrer qu’il existe une fonction dite fonction d’utilité telle que :<br />

DÉFINITION 5 (FONCTION D’UTILITÉ)<br />

La rel<strong>at</strong>ion <strong>de</strong> préférence sur l’ensemble <strong>de</strong>s actifs B peut être représentée par une fonction d’utilité<br />

U : B → R, telle que :<br />

∀(X, Y ) ∈ B 2 , X Y ⇐⇒ U(X) ≥ U(Y ). (10.2)<br />

C<strong>et</strong>te définition signifie simplement que l’actif X est préféré à l’actif Y si <strong>et</strong> seulement si l’utilité (ou<br />

valeur à l’usage) <strong>de</strong> l’actif X est supérieure à l’utilité <strong>de</strong> l’actif Y . Bien évi<strong>de</strong>mment, la fonction d’utilité<br />

n’est pas unique, puisque pour toute fonction g : R → R strictement croissante, la fonction V = g ◦ U<br />

est aussi une fonction d’utilité. La fonction U ainsi définie n’a donc qu’une valeur ordinale. Si l’on<br />

souhaite pouvoir considérer qu’un accroissement <strong>de</strong> la fonction d’utilité mesure une augment<strong>at</strong>ion <strong>de</strong><br />

la s<strong>at</strong>isfaction <strong>de</strong> l’agent économique, il faut adm<strong>et</strong>tre que la fonction d’utilité a une valeur cardinale,<br />

<strong>et</strong> elle n’est alors plus définie qu’à une tranform<strong>at</strong>ion affine croissante près. Dans toute la suite nous<br />

considérerons uniquement <strong>de</strong>s fonctions d’utilité cardinales.<br />

Si l’on s’intéresse, comme le plus fréquemment, à l’utilité <strong>de</strong> la richesse W d’un individu, on déduit<br />

aisément du comportement <strong>de</strong>s agents économiques que la fonction U(W ) est croissante, ce qui traduit<br />

l’appât du gain ou ins<strong>at</strong>iabilité, <strong>et</strong> généralement concave ce qui exprime la décroissance marginale <strong>de</strong><br />

l’utilité <strong>de</strong> la richesse : cent euros ne représentent pas la même utilité pour un agent possédant en tout <strong>et</strong><br />

pour tout mille euros ou un million d’euros.<br />

10.1.2 Théorie <strong>de</strong> la décision face au risque<br />

Considérons maintenant que l’on s’intéresse au comportement <strong>de</strong>s agents économiques à l’égard d’actifs<br />

dont la valeur future n’est pas parfaitement connue <strong>et</strong> dépend, à l’instant futur T , <strong>de</strong> l’ét<strong>at</strong> <strong>de</strong> la n<strong>at</strong>ure<br />

dans lequel se trouvera l’univers en T . Nous sommes alors confrontés à un problème <strong>de</strong> décision en<br />

univers risqué. Le premier exemple <strong>de</strong> résolution d’un tel problème remonte à Daniel Bernoulli (1738)<br />

qui apparaît comme le précurseur <strong>de</strong> l’introduction <strong>de</strong> l’utilité espérée, dont il fit usage pour résoudre le<br />

célèbre paradoxe <strong>de</strong> Saint-Pétersbourg.<br />

Dans ce paradoxe, un individu se voit offrir la possibilité <strong>de</strong> jouer au jeu suivant : on lance une pièce<br />

parfaitement équilibrée autant <strong>de</strong> fois que nécessaire pour voir le coté pile apparaître. A ce momentlà,<br />

le jeu s’arrête <strong>et</strong> le joueur reçoit 2 n euros, n étant le nombre <strong>de</strong> fois que la pièce a été lancée. La<br />

question est alors <strong>de</strong> savoir combien est prêt à payer l’individu pour pouvoir participer à ce jeu. Un<br />

simple calcul d’espérance m<strong>at</strong>hém<strong>at</strong>ique montre qu’en moyenne ce jeu offre un gain infini 2 . Donc, pour<br />

être équitable, le joueur <strong>de</strong>vrait accepter <strong>de</strong> payer une mise sinon infinie, du moins colossale. Or en<br />

réalité, on observe que les joueurs n’acceptent guère <strong>de</strong> payer plus <strong>de</strong> quelques euros pour participer au<br />

jeu, d’où le paradoxe.<br />

La solution proposée par Bernoulli (1738) consiste à supposer que les joueurs ne s’intéressent pas à la<br />

valeur moyenne <strong>de</strong>s gains espérés mais plutôt à l’espérance du logarithme <strong>de</strong>s gains, <strong>et</strong> l’on obtient alors :<br />

∞<br />

2 −n ln (2 n ) = 2 ln 2. (10.3)<br />

n=1<br />

Donc, pour reprendre la terminologie d’Adam Smith, les joueurs ne s’intéresse pas à la “valeur à l’échange”<br />

- ici les gains espérés - du jeu, mais plutôt à sa “valeur à l’usage” <strong>et</strong> donc à l’espérance du logarithme<br />

2 n 1 n.<br />

La probabilité <strong>de</strong> gagner 2 euros est égale à la probabilité d’obtenir n fois <strong>de</strong> suite le coté face <strong>de</strong> la pièce, soit 2

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