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statistique, théorie et gestion de portefeuille - Docs at ISFA

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154 5. Approche comportementale <strong>de</strong>s marchés financiers : l’apport <strong>de</strong>s modèles d’agents<br />

5.3 Modèles à agents adapt<strong>at</strong>ifs contre modèles à agents non adapt<strong>at</strong>ifs<br />

Parmi les modèles que nous venons <strong>de</strong> présenter, certains sont dits à agents non adapt<strong>at</strong>ifs <strong>et</strong> d’autres à<br />

agents adapt<strong>at</strong>ifs. Pour illustrer c<strong>et</strong>te distinction, considérons par exemple le modèle <strong>de</strong> Farmer (1998).<br />

Les agents y sont soit fondamentalistes soit chartistes <strong>et</strong> le nombre d’agents appartenant à chacune <strong>de</strong><br />

ces c<strong>at</strong>égories, fixé au départ, n’évolue pas au cours du temps. Ainsi, les agents choisissent certes d’être<br />

ach<strong>et</strong>eur ou ven<strong>de</strong>ur selon le prix du marché (le modèle <strong>de</strong> Farmer (1998) est un modèle <strong>de</strong> marché<br />

<strong>et</strong> non un simple modèle d’opinion), mais ils ne peuvent pas adapter leur str<strong>at</strong>égie - fondamentaliste<br />

ou chartiste- aux modific<strong>at</strong>ions <strong>de</strong> leur environnement. Le modèle <strong>de</strong> Farmer (1998) est donc qualifié <strong>de</strong><br />

modèle à agents non adapt<strong>at</strong>ifs. Le modèle <strong>de</strong> Bouchaud <strong>et</strong> Cont (1998) <strong>et</strong> son extension proposée par I<strong>de</strong><br />

<strong>et</strong> Sorn<strong>et</strong>te (2002), <strong>de</strong> même que le modèle <strong>de</strong> Lévy, Lévy <strong>et</strong> Solomon (1995), par exemple, appartiennent<br />

eux aussi à c<strong>et</strong>te c<strong>at</strong>égorie.<br />

Au contraire, le modèle <strong>de</strong> Lux (1998) ou Lux <strong>et</strong> Marchesi (1999), fait partie <strong>de</strong>s modèles à agents adapt<strong>at</strong>ifs.<br />

En eff<strong>et</strong>, à la différence du modèle <strong>de</strong> Farmer (1998), les différents agents communiquent entre<br />

eux <strong>et</strong> comparent les résult<strong>at</strong>s <strong>de</strong>s différentes str<strong>at</strong>égies afin <strong>de</strong> se déterminer. Un agent peut donc passer<br />

d’une str<strong>at</strong>égie chartiste à fondamentaliste (ou vice-versa) s’il a l’espoir que cela lui perm<strong>et</strong>te <strong>de</strong> réaliser<br />

un gain plus important. Il est donc sensible à son environnement <strong>et</strong> tend notamment à imiter les agents<br />

avec lesquels il rentre en contact si cela lui est profitable. Ces changements <strong>de</strong> str<strong>at</strong>égie perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong><br />

rendre compte <strong>de</strong>s bouffées <strong>de</strong> vol<strong>at</strong>ilité caractéristiques <strong>de</strong>s séries financières. En eff<strong>et</strong>, lorsque les fondamentalistes<br />

sont majoritaires, le marché est calme <strong>et</strong> les cours ne présentent que <strong>de</strong>s fluctu<strong>at</strong>ions <strong>de</strong><br />

faibles amplitu<strong>de</strong>s autour <strong>de</strong> leur prix fondamental. Au contraire, dès que les chartistes sont en nombre<br />

suffisant, une tendance peut apparaître, puis s’amplifier, conduisant alors à une augment<strong>at</strong>ion <strong>de</strong> la vol<strong>at</strong>ilité,<br />

qui ne r<strong>et</strong>ombera que lorsque l’enthousiasme <strong>de</strong>s chartistes aura disparu <strong>et</strong> que les fondamentalistes<br />

reprendront le <strong>de</strong>ssus. Ainsi, ce modèle perm<strong>et</strong> d’interpréter en terme microstructurel pourquoi les séries<br />

financières présentent <strong>de</strong>s bouffées <strong>de</strong> vol<strong>at</strong>ilité, <strong>et</strong> justifie l’idée selon laquelle la dynamique <strong>de</strong>s marchés<br />

financiers présente <strong>de</strong>s changements <strong>de</strong> régime (Susmel 1996).<br />

Le modèle <strong>de</strong> Cont <strong>et</strong> Bouchaud (2000) dans la version généralisée <strong>de</strong> Stauffer <strong>et</strong> Sorn<strong>et</strong>te (1999) peut<br />

lui aussi être considéré, à la limite, comme un modèle à agents adapt<strong>at</strong>ifs. En eff<strong>et</strong>, même si le processus<br />

d’adapt<strong>at</strong>ion n’est pas clairement précisé <strong>et</strong> est spécifié <strong>de</strong> manière totalement ad hoc, les agents peuvent<br />

changer <strong>de</strong> coalition au cours du temps, marquant ainsi leur adhésion à telle ou telle opinion <strong>et</strong> conduisant<br />

à une évolution <strong>de</strong> l’opinion globale du système.<br />

Dans les <strong>de</strong>ux modèles précé<strong>de</strong>nts, les agents n’ont le choix qu’entre un p<strong>et</strong>it nombre <strong>de</strong> str<strong>at</strong>égies,<br />

l’hétérogénéité <strong>de</strong> ces modèles est donc faible. C’est pourquoi il est important <strong>de</strong> mentionner <strong>de</strong>ux autres<br />

types <strong>de</strong> modèles à agents adapt<strong>at</strong>ifs, complètement différents <strong>de</strong> tous ceux évoqués jusqu’ici, à savoir<br />

les jeux <strong>de</strong> minorité <strong>et</strong> le modèle d’agents “génétiques” développé au Santa-Fe Intitut (Palmer, Arthur,<br />

Holland, LeBaron <strong>et</strong> Taylor 1994, Arthur, Holland, LeBaron, Palmer <strong>et</strong> Taylor 1997, LeBaron, Arthur <strong>et</strong><br />

Palmer 1999). Dans ce <strong>de</strong>rnier modèle, les agents sont représentés par <strong>de</strong>s algorithmes génétiques, p<strong>et</strong>its<br />

programmes inform<strong>at</strong>iques imitant le processus <strong>de</strong> sélection n<strong>at</strong>urelle <strong>de</strong>s gènes en compétition pour leur<br />

survie <strong>et</strong> leur développement. Ainsi, ces agents, doués <strong>de</strong> facultés d’adapt<strong>at</strong>ion très poussées, forment<br />

<strong>de</strong>s prédictions sur les prix futurs <strong>et</strong> placent <strong>de</strong>s ordres sur le marché en fonction <strong>de</strong> leurs prévisions. Les<br />

règles <strong>de</strong> sélection <strong>et</strong> d’évolution <strong>de</strong>s agents sont ensuite déterminées par leur performance, <strong>de</strong> sorte qu’à<br />

chaque génér<strong>at</strong>ion, les agents les moins performants disparaissent au profit <strong>de</strong>s plus performants. Il est<br />

alors observé que dans certaines conditions, ces agents apprennent à coopérer <strong>et</strong> <strong>de</strong> leurs actions individuelles<br />

émerge un équilibre r<strong>at</strong>ionnel dynamique conforme à ce qui est prévu par la <strong>théorie</strong> économique.<br />

Le modèle <strong>de</strong> Farmer (1998) que nous avons évoqué plus haut constitue en fait une version simplifiée <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te approche, qui exploite l’analogie entre le marché <strong>et</strong> un écosystème où se développe une compétition<br />

entre diverses str<strong>at</strong>égies favorisant ainsi l’émergence <strong>de</strong> nouvelles métho<strong>de</strong>s tirant parti <strong>de</strong>s inefficacités

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