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statistique, théorie et gestion de portefeuille - Docs at ISFA

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156 5. Approche comportementale <strong>de</strong>s marchés financiers : l’apport <strong>de</strong>s modèles d’agents<br />

même coup la croyance en un gain important, <strong>et</strong> <strong>at</strong>tire en conséquence toujours plus d’ach<strong>et</strong>eurs.<br />

Nous pouvons donc conclure qu’un eff<strong>et</strong> d’aubaine ou un eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> foule semble tout à fait à même <strong>de</strong> justifier<br />

la croissance super-exponentielle <strong>de</strong>s prix observés en présence <strong>de</strong> bulles spécul<strong>at</strong>ives. Ces eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong><br />

foules ont été observés sur les marchés spécul<strong>at</strong>ifs (Arthur 1987, Orléan 1992, Shiller 2000, notamment)<br />

<strong>et</strong> traduisent le phénomène d’imit<strong>at</strong>ion entre agents économiques. Il est à noter que ce phénomène d’imit<strong>at</strong>ion<br />

est parfaitement r<strong>at</strong>ionnel, comme le souligne Orléan (1989), <strong>et</strong> découle simplement <strong>de</strong>s règles<br />

d’apprentissage bayésien.<br />

Si l’on s’en tient au comportement mimétique <strong>et</strong> auto-référentiel exposé ci-<strong>de</strong>ssus, la bulle spécul<strong>at</strong>ive<br />

n’a aucune raison <strong>de</strong> prendre fin. Il est donc raisonnable <strong>de</strong> penser qu’à un certain moment, les agents<br />

réalisent que les prix sont <strong>de</strong>venus trop éloignés <strong>de</strong>s fondamentaux <strong>de</strong> l’économie ou que les liquidités<br />

vont venir à manquer <strong>et</strong> donc choisissent <strong>de</strong> vendre pour engranger leurs bénéfices tant que l’afflux<br />

d’ach<strong>et</strong>eurs <strong>de</strong>meure suffisamment important pour pouvoir absorber leurs ordres <strong>de</strong> vente sans que les<br />

cours ne chutent. Ainsi, durant c<strong>et</strong>te phase, certains agents choisissent <strong>de</strong> prendre le marché à contrecourant,<br />

<strong>et</strong> présentent un comportement antagoniste par rapport à l’opinion majoritaire à ce moment<br />

là. On peut noter que dans l’esprit, ceci est assez proche du modèle <strong>de</strong> An<strong>de</strong>rsen <strong>et</strong> Sorn<strong>et</strong>te (2002b)<br />

évoqué plus haut, <strong>et</strong> il apparaît clairement pourquoi le principe <strong>de</strong> minorité ne saurait parvenir à décrire<br />

complètement le fonctionnement <strong>de</strong>s marchés financiers.<br />

C<strong>et</strong>te approche heuristique perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> comprendre que les comportements mimétiques <strong>et</strong> antagonistes<br />

<strong>de</strong>s agents peuvent suffire à expliquer la croissance super-exponentielle <strong>de</strong>s bulles spécul<strong>at</strong>ives, ce qui<br />

nous a conduit à développer le modèle simple exposé dans Corcos, Eckmann, Malaspinas, Malevergne <strong>et</strong><br />

Sorn<strong>et</strong>te (2002). Dans ce modèle, nous considérons un marché où s’échange un seul actif <strong>et</strong> un ensemble<br />

<strong>de</strong> N agents pouvant être soit ach<strong>et</strong>eurs soit ven<strong>de</strong>urs. Chacun interroge m <strong>de</strong> ses voisins <strong>et</strong> peut choisir<br />

<strong>de</strong> suivre l’opinion majoritaire qu’il a relevée ou bien d’en prendre le contre-pied. Par exemple, un agent<br />

ach<strong>et</strong>eur changera d’avis <strong>et</strong> <strong>de</strong>viendra ven<strong>de</strong>ur si la proportion d’agents ven<strong>de</strong>urs parmi les m agents<br />

qu’il a interrogés dépasse un certain seuil ρhb, ce qui correspond à un comportement mimétique, ou si la<br />

proportion d’agents ach<strong>et</strong>eurs est jugée trop importante <strong>et</strong> dépasse un autre seuil ρhh, ce qui correspond<br />

à un comportement antagoniste, tandis qu’il conserve son opinion si aucun <strong>de</strong> ces seuils n’est dépassé.<br />

Nous montrons alors que, comme <strong>at</strong>tendu, le prix présente <strong>de</strong>s bulles spécul<strong>at</strong>ives dont la croissance est<br />

d’abord exponentielle, puis accélère <strong>et</strong> tend à présenter une singularité en temps fini. En fait, à cause<br />

du mécanisme <strong>de</strong> ré-injection lié à l’existence <strong>de</strong> comportements antagonistes, la bulle écl<strong>at</strong>e avant que<br />

la divergence ait lieu. Ainsi donc ce modèle m<strong>et</strong> en évi<strong>de</strong>nce l’importance <strong>de</strong>s phénomènes d’imit<strong>at</strong>ion<br />

<strong>et</strong> d’antagonisme, qui à eux seuls suffisent à expliquer la croissance super-exponentielle <strong>de</strong>s bulles<br />

spécul<strong>at</strong>ives suivies par <strong>de</strong>s krachs. Par ailleurs, ce modèle rend aussi compte, <strong>de</strong> manière qualit<strong>at</strong>ive,<br />

<strong>de</strong>s distributions <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ments à queues épaisses. Cependant, il conduit à <strong>de</strong>s ren<strong>de</strong>ments beaucoup<br />

trop corrélés pour être réalistes.<br />

Ce défaut est dû au caractère faiblement stochastique <strong>de</strong> notre modèle <strong>et</strong> peut être facilement corrigé.<br />

En fait, d’après notre classific<strong>at</strong>ion, ce modèle n’est pas un modèle <strong>de</strong> marché mais un simple modèle<br />

d’opinion. Il convient donc d’en endogénéiser le prix, ce qui est réalisable par une généralis<strong>at</strong>ion simple<br />

du modèle précé<strong>de</strong>nt. Pour cela, nous pouvons considérer que les N agents ne sont pas tous en position<br />

sur le marché à un instant donné. Plus précisément, chaque agent estime la valeur du prix fondamental<br />

<strong>de</strong> l’actif <strong>et</strong> déci<strong>de</strong> d’entrer sur le marché si (<strong>et</strong> seulement si) l’écart entre le prix <strong>de</strong> marché <strong>de</strong> c<strong>et</strong> actif<br />

<strong>et</strong> son fondamental dépasse un certain seuil. Etant entré sur le marché, l’agent interroge m agents euxmêmes<br />

sur le marché <strong>et</strong> peut alors se comporter comme un fondamentaliste s’il ne note aucune majorité<br />

forte perm<strong>et</strong>tant <strong>de</strong> soutenir une tendance ou au contraire, peut choisir <strong>de</strong> suivre c<strong>et</strong>te tendance s’il pense<br />

qu’elle est viable <strong>et</strong> donc qu’il peut en tirer profit.<br />

Par rapport au modèle originel, c<strong>et</strong>te généralis<strong>at</strong>ion apporte un couplage entre le volume <strong>et</strong> la vol<strong>at</strong>ilité,

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