Actas da - Xunta de Galicia

Langues minorisées et réalité de la cultura européenne
français accèdent dans l'enseignement au statut de langues, que la langue
française a toujours entendu et entend toujours, sur un plan plus général, se
réserver. Nous en sommes là: à l'épreuve de picard, de poitevin, de haut-breton
roman au baccalauréat, sinon au C.A.P.E.S. (concours de recrutement des
professeurs de collège) de saintongeais.
On en finira avec les embarras linguistiques du nationalisme étatique et
centraliste avec l'exemple le plus étonnnant, celui de la Corse. Actuellement est
en discussion le projet d'un statut spécial pour l'île, qui comporte la promotion
publique et par un enseignement généralisé de la "lingua corsa". Or cette langue
n'avait pas été inscrite dans la liste des "langues et dialectes locaux" que
reconnaissait la loi de 1951, celle qui nommait au singulier la"langue occitane".
Ce sont des décrets ministériels qui l'y ont ajoutée, en réponse à une
revendication forte des Corses eux-mêmes.
En 1951, ce n'était pas un oubli. Le législateur avait exclu de sa compétence
les formes présentes sur le territoire français de langues institutionalisées hors
de ses frontières. Le corse était dans la situation du flamand, forme reconnue du
néerlandais. Le linguiste avait été pris comme arbitre d'un débat qui d'ailleurs à
cette époque était à peine ouvert. Selon lui, les parlers corses appartiennent à la
bande centrale du domaine italique. Ils sont donc à classer avec les parlers
toscans, eux-mêmes base de la langue littéraire italienne et de la langue
officielle de l'État italien. On ne se trompera pas si l'on dit que, selon des
critères de linguistique objective, aucun dialecte d'Italie n'est aussi proche de la
langue nationale italienne que le corse lui-même. Mais cette référence aux faits
de terrain n'est plus aujourd'hu "avouable". On ne voit pas que les adversaires
eux-mêmes d'un statut public et scolaire du corse la fassent jouer.
Face à ce cafouillage de l'officialité, où le préjugé sournois le dispute à la
sottise institutionnelle, il est souhaitable que les défenseurs des langues
régionales et minoritaires reviennent aujourd'hui à la question centrale, que
pose de toute manière la législation européenne en cours d'élaboration: qu'estce
qu'une langue? Et reconnaissent que la question n'est pas simple.
Elle n'est pas simple, car elle est dialectique. La solution résulte de la
composition de deux critères de nature différente; le critère linguistique pur et
le critère historico-social.
Le critère linguistique revient à la constatation de la variation de terrain,
phénomène universel. Elle est à prendre de deux façons: par la mise en
évidence des traits parcourant ce terrain, que sont les isoglosses, et par la
reconnaissance du groupement de ces traits en une multitude de systèmes
ponctuels. À en rester là, il n'y a plus que des isolats. La langue se confond avec
un micro-système de communication locale. On a pu en plaisanter et faire
remarquer au dialectologue structuraliste que pour lui un dialecte de l'anglais
est aussi distinct d'un autre dialecte de l'anglais que d'un dialecte du chinois.
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