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Cet ouvrage a été publié avec le concours et le ... - Cour de France.fr

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figure <strong>le</strong> passage suivant: à cause <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> Gascogne il y<br />

avait eu la <strong>le</strong>vée d’un impôt <strong>de</strong> 12 sous tournais par feu «in tota<br />

lingua occitana». Maître Hugues <strong>de</strong> Felgayro<strong>le</strong>s fut envoyé par <strong>le</strong> roi<br />

dans <strong>le</strong> bailliage <strong>de</strong> Gévaudan à ce suj<strong>et</strong>, en compagnie d’un notaire<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sergents. Ils se rendirent au château épiscopal <strong>de</strong><br />

Badaroux. Et là publiquement, en présence d’une nombreuse<br />

assistance, l’évêque s’écria „in romanic“ (c’est-à-dire en occitan):<br />

«Que Dieu m’ai<strong>de</strong>, il vaudrait mieux pour nous <strong>et</strong> pour tout <strong>le</strong> pays<br />

que <strong>le</strong>s Anglais vinssent plutôt que vous, <strong>et</strong> je ne doute pas qu’ils<br />

seraient moins nuisib<strong>le</strong>s que vous». Alors maître Hugues répondit:<br />

«Révérend seigneur, vous ne <strong>de</strong>vez pas dire <strong>de</strong> semblab<strong>le</strong>s choses,<br />

car l’opposition est pour la nécessité <strong>de</strong> la guerre, <strong>et</strong> surtout vous<br />

ne <strong>de</strong>vez pas nous blâmer d’accomplir <strong>le</strong> mandat <strong>de</strong> notre maître <strong>le</strong><br />

trésorier Thoury du Puy» . A quoi l’évêque répondit: «Ce truand <strong>de</strong><br />

Thoury du Puy n’a jamais rien fait que d’écorcher toute la<br />

sénéchaussée <strong>de</strong> Beaucaire, la malheur à lui». Et alors aussitôt <strong>le</strong><br />

dit maître Huques déclara: «Monseigneur, il faut au trésorier<br />

appliquer <strong>le</strong>s ordres <strong>de</strong> nosseigneurs da la Chambre <strong>de</strong>s comptes à<br />

Paris». Et aussitôt <strong>le</strong> dit évêque déclara: «Ces seigneurs <strong>de</strong> la<br />

Chambre <strong>de</strong>s comptes ont pourvu à tant <strong>et</strong> tant <strong>de</strong> choses [...] que<br />

trois rois <strong>de</strong> <strong>France</strong> <strong>fr</strong>ères sont morts <strong>et</strong> ils ont si bien manigance<br />

que <strong>le</strong> royaume est venu au seigneur Philippe <strong>de</strong> Valois. Que c<strong>et</strong>te<br />

heure soit maudite car <strong>de</strong>puis nous ne fûmes jamais plus en paix».<br />

On imagine très bien <strong>le</strong> dialogue, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te remontée du trésorier aux<br />

gens <strong>de</strong>s comptes, <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong>s comptes au roi lui-même. Mais il<br />

faut dire que <strong>le</strong>s méridionaux étaient loin d’être <strong>le</strong>s seuls dans <strong>le</strong><br />

royaume à exprimer <strong>de</strong> semblab<strong>le</strong>s griefs 29 .<br />

Quoi qu’il en soit, au début <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> Cent Ans, avant<br />

<strong>le</strong>s grands désastres, la situation pour Philippe <strong>de</strong> Valois ne semblait<br />

pas si mauvaise. La nef <strong>fr</strong>ançaise, mât d’artimon <strong>et</strong> mât <strong>de</strong> misaine<br />

honnêtement pourvus <strong>de</strong> voi<strong>le</strong>s, semblait prête à prendre la mer <strong>et</strong><br />

<strong>le</strong> vent, certes <strong>avec</strong> circonspection <strong>et</strong> <strong>le</strong>nteur, mais puissamment.<br />

Un équipage composite <strong>et</strong> nombreux la manæuvrait, recruté, sans<br />

trop <strong>de</strong> problèmes, dans toutes <strong>le</strong>s parties du royaume <strong>et</strong> même au<strong>de</strong>là,<br />

en raison bien sur <strong>de</strong> l’argent qu’on supposait impru<strong>de</strong>mment<br />

au capitaine, d’un système d’alliances traditionnel<strong>le</strong>s mais aussi <strong>de</strong><br />

l’indéniab<strong>le</strong> rayonnement exercé par <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>urs <strong>de</strong> lys. Quant à<br />

l’intégration <strong>de</strong> la Languedoc, el<strong>le</strong> avait fait <strong>de</strong> sensib<strong>le</strong>s <strong>et</strong><br />

constants progrès <strong>de</strong>puis <strong>le</strong> temps <strong>de</strong> saint Louis: encore faudrait-il<br />

s’interroger sur <strong>le</strong> point <strong>de</strong> départ <strong>et</strong> sur sa place dans <strong>le</strong> royaume<br />

(en marge du royaume?) vers 1200, voire vers 1 150.<br />

29 Cité dans <strong>le</strong> mémoire <strong>de</strong> maîtrise soutenu à l’Université <strong>de</strong> Paris - Sorbonne par P. Telliez en 1992<br />

«Croz e sonnail<strong>le</strong>s». La souverain<strong>et</strong>é en Gévaudan, 1161-1343».<br />

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