Cet ouvrage a été publié avec le concours et le ... - Cour de France.fr
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tous hommes qui risquaient <strong>de</strong> lui faire ombrage ou qui avaient<br />
seu<strong>le</strong>ment déplu à ses clients (La Meil<strong>le</strong>raye fit exécuter Jussac <strong>de</strong><br />
Saint-Preuil, gouverneur d’Arras), dénis <strong>de</strong> justice continuels<br />
(envers Bassompierre, Ornano, Rohan, <strong>le</strong> maréchal <strong>de</strong> Marillac...).<br />
Au contraire <strong>de</strong> Richelieu, Mazarin n’a pas heurté <strong>de</strong> <strong>fr</strong>ont<br />
l’orgueil, l’honneur ou simp<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> sentiment <strong>de</strong> justice <strong>de</strong>s<br />
hommes <strong>de</strong> guerre. Ils ne lui en ont pourtant pas su gré car, à <strong>le</strong>urs<br />
yeux, si Mazarin n’avait rien d’un tyran, il était étranger <strong>et</strong> bas,<br />
c’est-à-dire tout à fait imperméab<strong>le</strong> à l’éthique nobiliaire <strong>de</strong>s<br />
Français, pittoresque <strong>et</strong> dérisoire aux yeux d’un Italien sans<br />
naissance. Il ne payait pas ce que l’Etat <strong>de</strong>vait aux officiers, comme<br />
<strong>le</strong> montrent <strong>le</strong>s Mémoires <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> Gangnières, comte <strong>de</strong><br />
Souvigny. Il répondait enfin aux intrigues <strong>de</strong>s conjurateurs par<br />
d’autres intrigues plus adroites, qui finissaient par <strong>le</strong>s contraindre à<br />
déposer <strong>le</strong>s armes.<br />
Notre propos n’est pas d’insister sur la rébellion ouverte <strong>de</strong>s<br />
factions aristocratiques. Mais, bien après 1660, <strong>et</strong> jusqu’en 1683 au<br />
moins, il y eut aussi <strong>de</strong>s rébellions individuel<strong>le</strong>s, qui pouvaient<br />
prendre la forme d’un exil volontaire, d’une r<strong>et</strong>raite, ou <strong>le</strong> plus<br />
souvent d’une fureur contenue, voire d’un simp<strong>le</strong> scrupu<strong>le</strong>.<br />
L’ambition <strong>et</strong> l’intérêt n’étaient pas encore seuls en cause. Les<br />
militaires ont tenu parfois à donner aux représentants dé l’autorité<br />
civi<strong>le</strong> <strong>de</strong>s <strong>le</strong>çons <strong>de</strong> savoir-vivre, notamment lorsqu’un ennemi<br />
vaincu méritait à <strong>le</strong>urs yeux d’être traité <strong>de</strong> façon à ménager son<br />
honneur, c<strong>et</strong> honneur qui importait tant à un gentilhomme, <strong>et</strong> dont<br />
un ministre n’avait que faire. Le 17 mai 1677, quand la garnison<br />
espagno<strong>le</strong> <strong>de</strong> Va<strong>le</strong>nciennes a capitulé, Louvois invita <strong>le</strong>s cavaliers <strong>et</strong><br />
môme <strong>le</strong>urs officiers à m<strong>et</strong>tre pied à terre <strong>et</strong> à cé<strong>de</strong>r <strong>le</strong>urs chevaux<br />
aux Mousqu<strong>et</strong>aires <strong>de</strong> la gar<strong>de</strong> roya<strong>le</strong>. Ceux-ci ont certes fini par<br />
accepter <strong>le</strong> beau ca<strong>de</strong>au que <strong>le</strong>ur of<strong>fr</strong>ait <strong>le</strong> ministre, parce qu’ils<br />
«crurent ne pouvoir <strong>le</strong> refuser», mais non sans avoir au préalab<strong>le</strong><br />
témoigné publiquement <strong>le</strong>ur répugnance, <strong>de</strong> façon à ce que <strong>le</strong>s<br />
militaires espagnols spoliés fussent convaincus qu’ils agissaient à<br />
contrecæur.<br />
Les officiers semb<strong>le</strong>nt avoir assez bien réussi jusqu’en 1668 à<br />
contenir <strong>le</strong>s efforts <strong>de</strong> la monarchie pour développer l’administration<br />
militaire comme organe <strong>de</strong> contrô<strong>le</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> subordination. Cela, grâce<br />
en particulier à l’esprit <strong>de</strong> corps. Il faut lire à ce suj<strong>et</strong> l’un <strong>de</strong>s plus<br />
beaux passages <strong>de</strong>s mémoires <strong>de</strong> Jean-François Barton <strong>de</strong> Montbas,<br />
alors capitaine à Royal cava<strong>le</strong>rie, pour l’année 1653 18 . Les<br />
capitaines <strong>de</strong> ce régiment sont parvenus à subordonner la<br />
désignation d’un nouveau mestre <strong>de</strong> camp à <strong>le</strong>ur consentement; ils<br />
réglaient <strong>le</strong>s conflits entre officiers grâce à l’arbitrage d’une sorte <strong>de</strong><br />
conseil <strong>de</strong>s sages, surtout afin <strong>de</strong> prévenir <strong>le</strong>s duels; ils<br />
18 Ces mémoires, bien édités en 1926, ont <strong>été</strong> alors affublés d’un titre convenu: Au service du Roi, qui<br />
risque <strong>de</strong> faire sous-estimer l’exceptionnel<strong>le</strong> qualité <strong>de</strong> l’æuvre. Le passage <strong>le</strong> plus suggestif se trouve<br />
aux pages 58 <strong>et</strong> 59.<br />
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