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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
de pas, il se releva et chercha à fuir ; je lui envoyai une balle, qui<br />
ne l’atteignit pas ; alors il se retourna et se rua sur moi. Je n’avais<br />
plus que deux cartouches ; je tirai à 70, puis à 50 pas ; le yack fit<br />
encore une vingtaine de pas, et s’arrêta la tête basse, agitant<br />
violemment la queue. J’étais assez près de lui pour voir non<br />
seulement ses petits yeux, mais le sang qui coulait de ses naseaux.<br />
Si la bête avait eu un peu plus de décision et d’énergie, j’étais<br />
perdu, car je ne pouvais me sauver et je n’avais plus pour arme<br />
Je n’avais plus pour arme que la crosse de ma carabine.<br />
que la crosse de ma carabine. Nous restions là à nous regarder ;<br />
mais bientôt je lui vis relever la tête et tenir sa queue immobile ; il<br />
était certain que son irritation se calmait. Je me laissai rouler à<br />
terre, et, sans le perdre de vue, je me mis à ramper en arrière ;<br />
puis, quand je fus à une soixantaine de pas, je me relevai et je<br />
marchai le plus vite possible. Ce n’est qu’après avoir fait deux cents<br />
pas que je respirai librement.<br />
Nous avons passé deux jours dans la vallée du Mour-oussou ;<br />
nous remontions cette rivière en suivant un sentier tracé par les<br />
caravanes. Malheureusement nous étions à peine à 30 verstes du<br />
Doumbouré-gol quand le sentier disparut, et le Mour-oussou,<br />
faisant un brusque détour, se perdit dans la montagne.<br />
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