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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
La plaine que nous venions de parcourir, de l’Altaï au Baïtyk, est<br />
à 1.050 mètres d’altitude absolue et parsemée de petits groupes de<br />
monticules sablonneux. Dans sa partie septentrionale le sol argilo-<br />
salin est couvert d’assez d’herbe pour le pâturage des troupeaux ;<br />
les Tourgouts y viennent hiverner. En maints endroits le sel couvre<br />
la terre d’une couche d’un pouce d’épaisseur. La partie méridionale,<br />
beaucoup plus considérable, est formée de cailloux et de graviers.<br />
où poussent l’Ephedra et un chétif saksaoul ; bien que nous<br />
fussions au mois de mai, il n’y avait là ni fleurs, ni verdure, ni<br />
mammifères, mais seulement quelques oiseaux, tels que des<br />
mésanges et des sansonnets roses. Les montagnes environnantes<br />
sont complètement arides. Toutefois, près de notre bivouac, nous<br />
avons trouvé à fleur de terre des échantillons de houille d’assez<br />
bonne qualité.<br />
En continuant notre voyage à travers un pays où il n’y a ni<br />
chemin ni sentier, nous avons rencontré un groupe de montagnes<br />
peu élevées, connu dans sa partie occidentale sous le nom de Kara-<br />
Syrkhé, et à l’est sous celui de Koukou-Syrkhé. Au nord, ces<br />
montagnes sont arides comme le plateau de Baïtyk, mais, sur la<br />
pente méridionale, le sol devient argilo-sablonneux et assez<br />
fertile. Nous y avons rencontré de nombreuses antilopes ; des<br />
cornes abandonnées çà et là témoignaient de la présence des<br />
argalis ou moutons de montagne. Quelquefois il nous arrivait de<br />
voir une nichée de macreuses (Casarca rutila) ou un canard égaré,<br />
mais c’était rare. Du reste nous avons constaté que le gibier de la<br />
Dzoungarie est beaucoup plus craintif que celui de la Mongolie ou<br />
du Thibet et fuit à des distances énormes, sans doute parce qu’il est<br />
moins habitué à la présence de l’homme.<br />
Ce désert n’est habité dans aucune de ses parties ; même le<br />
nomade, si dur aux privations, ne peut y séjourner longtemps. Ce<br />
n’est que vers les extrémités occidentale et septentrionale que les<br />
Kirghises et les Tourgouts dressent leurs tentes sur les bords de<br />
l’Ouroungou ; les Ourankhaïs se joignent à eux.<br />
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