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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
fortement endommagé par le temps, nous passâmes la nuit près de la<br />
fanza Ian-djonza, où nous nous étions déjà arrêtés deux fois. Cette<br />
fanza offre le type de la plupart des constructions des villages de cette<br />
partie de la <strong>Chine</strong>. Un mur en terre glaise la défend contre les<br />
incursions des nomades, et à l’abri de ce mur se trouvent l’habitation<br />
et les bâtiments de service. Il n’y a que le puits qui soit creusé à<br />
l’extérieur ; ce puits, d’une profondeur considérable (soixante<br />
mètres), donne une eau excellente, à la température de 13,3°. En y<br />
puisant pour abreuver nos chevaux, nous trouvâmes dans un des<br />
seaux un crapaud, qui probablement y était tombé par mégarde, mais<br />
qui n’y creva pas et qui avait vécu tranquillement dans l’eau.<br />
Après la fanza Ian-djonza nous prîmes la direction de l’est-nord-<br />
est, le long de sables profonds qui s’étendaient au loin vers le nord.<br />
Nous traversions une saline inculte, sans eau, hérissée de petits<br />
monticules, et dont l’altitude était de 1.740 mètres. Le temps était<br />
couvert et assez frais. Nous avions parcouru quatre-vingt-dix<br />
kilomètres, quand une rangée de ces monticules nous barra<br />
complètement le passage ; il nous fallut faire un détour de quatorze<br />
kilomètres dans un sable où nous enfoncions jusqu’à la cheville. Par<br />
bonheur il avait plu la veille, le sable était humide et nous pûmes<br />
arriver d’assez bonne heure près de la source du Baïan-boulyk.<br />
Les sables au milieu desquels nous nous trouvions ont reçu des<br />
Mongols le nom de Tyngheri, c’est-à-dire ‘Ciel’, à cause de leur<br />
immense étendue. Ils présentent le même aspect que tous les<br />
sables de l’Asie centrale et du Turkestan russe, où ces régions sont<br />
connues sous le nom de barkhan. Ces Tyngheri sont couverts de<br />
collines de treize à vingt mètres, rarement de trente mètres de<br />
hauteur, séparées par des vallées plus ou moins profondes<br />
disposées parallèlement. Du côté exposé à l’action du vent, le pied<br />
n’enfonce pas trop et la pente est douce ; du côté opposé, les<br />
collines sont escarpées et le sable est très mouvant. Il s’y forme<br />
souvent des crevasses qui pénètrent jusqu’aux couches inférieures<br />
du sol. On ne rencontre dans tous les Tyngheri que deux ou trois<br />
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