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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
sont si pauvres. A l’endroit où nous l’avons p.235 traversée, cette<br />
bande était divisée en deux parties par le mont Khourkou. Au sud,<br />
la contrée n’a que 1.050 à 1.230 mètres d’altitude, et les sables<br />
mouvants ne sont pas rares. Au nord ils disparaissent presque<br />
entièrement, et la plaine s’élève à 1.500 mètres. Cependant, de l’un<br />
comme de l’autre côté, dominent les vallées rocailleuses, inégales,<br />
de petits rochers de schiste, de gneiss et plus rarement de granit,<br />
de grünstein et de grès. Le saksaoul y croît encore en assez grande<br />
abondance ; dans la partie septentrionale on voit la Caragana<br />
pygmæa, et, dans le sud, des buissons d’amandiers. Au pied des<br />
terrasses de lœss, où les averses forment des lacs temporaires,<br />
poussent le kharmyk, le dyrissoun, l’absinthe et plusieurs espèces<br />
de graminées. En fait de mammifères, cette partie du Gobi<br />
renferme le dzeyran, le loup, le renard, le lièvre, le hérisson et la<br />
gerboise, mais tous en très petite quantité. Les argalis que nous y<br />
rencontrâmes diffèrent suffisamment de ceux du Thibet pour<br />
constituer une espèce distincte, à laquelle nous proposons de<br />
donner le nom d’argali de Darwin. Ils sont assez grands : un mâle<br />
que nous avons tué avait 1,47m de hauteur jusqu’à la naissance<br />
des cornes, et pesait plus de cent kilogrammes. Le poil est brun-<br />
foncé, parsemé de fils blancs ; le museau et le ventre sont roux, la<br />
queue gris cendré ; sur le front et les épaules le poil est frisé et<br />
plus épais que dans les autres parties du corps. Nous le<br />
rencontrâmes dans le versant méridional, où il semble préférer les<br />
régions rocailleuses presque entièrement privées d’eau. Il est très<br />
peu méfiant, n’étant jamais p.236 chassé, mais il est difficile à tuer ;<br />
nous en avons vu un, dont une balle avait perforé le cœur, fuir<br />
encore à plus de trois cents pas.<br />
Pendant notre halte près du temple de Baïan-Oula. nous<br />
apprîmes qu’aucun des six Mongols conduisant nos chameaux ne<br />
connaissait le chemin d’Ourga. Comme il est à peu près impossible<br />
de s’orienter dans le désert, où l’on n’a aucun point de repère, il<br />
nous fallut prendre des guides, et, comme toujours, nous eûmes<br />
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