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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
petits rongeurs ; parmi les oiseaux, des pies bleues, des merles,<br />
des moineaux et le pic de <strong>Chine</strong> (Picus mandarinus). Les rivières<br />
étaient plus riches ; nous y prîmes treize ou quatorze sortes de<br />
poissons.<br />
La température s’élevait : à une heure après midi, nos<br />
thermomètres marquaient 25 degrés ; et le tonnerre gronda le 24<br />
mars.<br />
Il était important de nous procurer un guide ; nous savions que<br />
plusieurs de ces Tangouts avaient visité les sources du fleuve Jaune,<br />
cependant aucun n’en soufflait mot : évidemment ils s’effrayaient du<br />
but mystérieux de notre voyage. Après bien des pourparlers, nous<br />
finîmes par en trouver un, mais il était presque aveugle et<br />
complètement idiot, et il avouait ne pas connaître le fleuve à plus de<br />
cent kilomètres en amont. Nous l’engageâmes toutefois, comptant<br />
bien pouvoir nous orienter ensuite nous-mêmes.<br />
Nous nous mîmes en route le 30 mars, en remontant le fleuve<br />
Jaune. Bientôt nous nous trouvâmes au milieu de ravissants bosquets<br />
où il y avait beaucoup de faisans et de petits oiseaux. Des monticules<br />
de sable nous barrèrent tout à coup la route et, après bien des efforts<br />
inutiles, il nous fallut quitter les bords du fleuve et grimper<br />
péniblement sur le plateau, situé à une altitude moyenne de 3.000<br />
mètres. Il s’étend au loin vers l’ouest et forme une plaine accidentée<br />
couverte d’une herbe excellente, seulement il manque absolument<br />
d’eau. Le climat y est plus rude que dans la vallée, et, dans la nuit du<br />
3 au 4 avril, le thermomètre descendit à — 18 degrés.<br />
L’étape suivante nous conduisit aux monts Sian-si-bei ou<br />
Koutchou-Dorghen, comme les appellent les Tangouts. Ces<br />
montagnes, dont aucun sommet n’atteint la limite des neiges<br />
éternelles, présentent des pentes douces couvertes d’une très<br />
bonne herbe. Il n’y a point de forêts, mais seulement des touffes<br />
d’arbustes. On y rencontre des ours, des loups, des renards, des<br />
muscs et des lapins. Les lagomys et les rats-taupes y abondent,<br />
ainsi que les gypaètes et les vautours.<br />
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