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De Zaïssansk au Thibet<br />
et aux sources du Fleuve Jaune<br />
gol, s’étend vers l’occident en formant le rempart intérieur du<br />
plateau du Thibet, vers le Tsaïdam, et doit aller rejoindre le Kouen-<br />
loun. Sa partie la plus élevée est vers l’est, entre les passages<br />
Tchioum-tchioum et Anghyr-daktchin ; c’est là que se trouve le<br />
Baldyn-dardji, dont la hauteur atteint 5.700 mètres.<br />
Plus loin vers l’ouest le Marco-Polo ne présente plus une masse<br />
couverte de neiges persistantes ; nous n’y avons reconnu que trois<br />
groupes présentant ce caractère : le Chara-gouï, le Baldyn-dardji et<br />
enfin le Kharra, le plus occidental. A une quarantaine de verstes de<br />
ce dernier, vers la frontière du Tsaïdam, se trouve le lac Khouïtoun,<br />
qui a près de 100 verstes de circonférence ; l’Oulou-mouren y<br />
prend naissance, pour aller se perdre dans les plaines salées du<br />
Tsaïdam. Là nous essuyâmes une terrible bourrasque pendant que<br />
le thermomètre descendait à 23 degrés au-dessous de zéro. Il fallut<br />
nous arrêter, bien que nos chevaux et nos chameaux n’eussent rien<br />
à manger. Les pauvres bêtes tremblaient de froid ; nos tentes<br />
disparaissaient sous les amoncellements de neige et de poussière,<br />
et malgré cela un vent aigu pénétrait à travers le feutre. Le matin il<br />
était impossible de tenir les chronomètres pour les remonter,<br />
quoique j’eusse pris soin de les envelopper d’une peau de renard et<br />
de les placer sous mon oreiller. Il était impossible de trouver de<br />
l’argal pour alimenter le feu. Il semblait qu’en guise d’adieu le<br />
Thibet eût voulu nous faire connaître tous ses charmes et les bien<br />
graver dans notre mémoire.<br />
Après le Marco-Polo nous avons trouvé une nouvelle vallée,<br />
s’étendant jusqu’au mont Gourbou-Naïdji et tout aussi stérile que la<br />
précédente. Quoi qu’il en soit, au dire des Mongols, la vie animale y<br />
abonde pendant l’été. Les femelles des antilopes orongos s’y<br />
rassemblent pour mettre bas, tandis que les mâles restent confinés<br />
dans les défilés des montagnes. Les ours, les loups, les vautours<br />
profitent largement de cette proie facile ; les mères ne restent là<br />
qu’un mois environ, puis, avec les petits échappés à la voracité des<br />
fauves, elles regagnent leurs retraites habituelles. Quel instinct<br />
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